Sélénium
Oligoélément essentiel, le sélénium est un composant des séléno-protéines, dont certaines possèdent d'importantes fonctions enzymatiques ; c'est pourquoi un faible niveau sélénié peut contribuer à l'étiologie du processus pathologique, mais, dans certains cas, être également un facteur d'aggravation d'infections relativement simples. Ainsi, la fonction immunitaire peut se voir sévèrement altérée, car on observe une forte diminution de l'immunocompétence affectant les deux types d'immunité : humorale et à médiation cellulaire.
En ce qui concerne le vieillissement cutané, le sélénium se comporte comme un antioxydant et comme un anti-inflammatoire, permettant d'estimer légitimement qu'une supplémentation en sélénium permettrait une amélioration du statut « redox » du tissu de soutien. Les premiers résultats obtenus in vitro paraissent encourageants, même si aucun essai clinique n'a permis de montrer à ce jour de résultat positif.
Les résultats paraissent également encourageants au niveau de certaines pathologies cutanées.
En Suède, région faiblement sélénifère, on a constaté l'efficacité du sélénite de sodium administré pendant quelques semaines sur des patients acnéiques. Chez des patients atteints de psoriasis étendu, on a trouvé une sélénémie particulièrement abaissée, suggérant l'hypothèse que le renouvellement épidermique accéléré pouvait être à l'origine d'une perte de sélénium. En outre, un essai ouvert sur un petit nombre de patients a montré un effet favorable sur cette pathologie. La dermatite atopique et les poussées d'eczéma semblent également coïncider avec un abaissement de la sélénémie.
L'action préventive du sélénium contre le cancer semble bien établie, corroborée par les enquêtes épidémiologiques chez l'homme et les expérimentations chez l'animal. En ce qui concerne la sensibilisation aux ultraviolets, il a été montré que chez les sujets ayant une lucite estivale bénigne, l'administration préalable d'un antioxydant sélénié permettait de retarder l'éruption et d'en atténuer la symptomatologie.
Enfin, une étude en ouvert (J.-P. Césarini) a montré que la supplémentation orale séléniée, associée à un complexe vitaminique A, C et E, dans l'objectif de stabiliser l'extension de la dépigmentation et, en cas de réponse, de favoriser la repigmentation, donnait des résultats tout à fait satisfaisants : près de 80 % des sujets dont le vitiligo était en extension voyaient une stabilisation s'installer après quelques mois de supplémentation alimentaire. On a parfois observé des repigmentations spontanées (vitiligo d'apparition récente, enfants).
Zinc
Le zinc, oligoélément le mieux connu à ce jour, présente plusieurs sites d'action dans l'organisme et a notamment une activité inflammatoire qui fait intervenir plusieurs mécanismes : inhibition du chimiotactisme des polynucléaires, diminution de l'activité N Killer, inhibition de la production de certaines cytokines kératinocytaires pro-inflammatoires (IL6 et TNF alpha), induction de la superoxyde dismutase zn-cu présente dans l'épiderme, inhibition de l'expression de la 5 alpha-réductase de type 1. Parmi les sels de zinc disponibles, le gluconate de zinc (Rubozinc des Laboratoires Labcatal) - dont l'avantage est une bonne biodisponibilité associée à une bonne tolérance digestive - a obtenu l'AMM dans le traitement per os de l'acné inflammatoire et de l'acrodermite entéropathique. Dans cette dernière affection de transmission autosomique récessive, l'effet cutané est spectaculaire en moins de sept jours de traitement (de 15 à 30 mg de sels de zinc per os), mais le traitement doit être poursuivi à vie.
Dans l'acné, le zinc agit essentiellement sur la composante inflammatoire (30 mg de sels de zinc par jour) avec un délai d'action de l'ordre de quatre à six semaines. Il peut être utilisé en période d'ensoleillement, chez la femme enceinte et dans l'acné prépubertaire.
D'autres affections (hors AMM) semblent également améliorées par les sels de zinc per os : lésions cutanées des déficits plasmatiques en zinc au cours de l'alimentation parentérale prolongée, lésions cutanées liées à l'alcoolisme chronique, lésions cutanées liées à un glucagonome, ulcères cutanés, dermatite atopique, voire pelade, selon des observations isolées.
Entretiens de Bichat. Table ronde organisée par le Laboratoire Labcatal, à laquelle participaient B. Dréno, Ph. Humbert et J.-P. Césarini.
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