Classiquement, on estime que le virus respiratoire syncytial (VRS) et celui de la grippe peuvent donner des tableaux de grande sévérité aux deux extrêmes de la vie : chez l'enfant et chez le vieillard. Mais, entre ces deux extrêmes, les choses ne sont pas aussi simples : une proportion non négligeable de syndrome grippaux hivernaux de l'adulte seraient dus au VRS et les enfants hospitalisés à la suite d'une infection par un virus grippal seraient aussi nombreux que les sujets âgés. Plusieurs études menées sur le sujet avec des méthodes d'identification traditionnelle (mise en culture des sécrétions naso-pharyngées) ont déjà mis en évidence la participation des deux virus dans les tableaux cliniques hivernaux (fièvre, toux, signes respiratoires).
Le travail, publié cette semaine dans le « Lancet » par le laboratoire central de santé publique britannique, a, quant à lui, été mené grâce à une identification virale en PCR. On peut donc considérer que les résultats ont gagné en précision, bien que, là encore, un délai d'acheminement trop important ait pu négativer certains résultats.
Durant trois hivers consécutifs (de 1995 à 1998), une quinzaine de médecins généralistes de la région de Birmingham ont réalisé des prélèvements naso-pharyngés sur tous leurs consultants présentant un syndrome grippal. Les prélèvements étaient placés dans un milieu de transport puis acheminés par la poste à Londres. Le laboratoire procédait ensuite à une identification après amplification du VRS (souches A et B) et du virus influenzae (souches A et B).
Au total, 2 226 prélèvements ont été analysés (7,5 % des consultants hivernaux). Les échantillons provenaient principalement de la tranche d'âge des 15-44 ans, bien que la prévalence des syndromes grippaux chez les plus jeunes ait été plus élevée (difficultés de prélèvement). Les deux virus ont été trouvés, selon les années et les moments dans l'hiver, dans 50 % à 90 % des prélèvements. Sur l'ensemble des prélèvements, les génomes de 480 VRS et 709 virus grippaux répartis sans distinction dans les différentes tranches d'âge ont été identifiés. Le VRS et le virus Influenzae étaient respectivement en cause dans 20 % et 30 % des syndromes grippaux chez les 15-44 ans. La répartition des infections à VRS chez l'enfant (moins de 15 ans) et l'adulte était respectivement de 22 % et 32 %, les souches A étant prédominantes, quel que soit l'âge (60 %). Du fait de la nécessité d'acheminement au laboratoire, il est probable que ces chiffres soient sous-estimés, d'autant que le VRS est un virus fragile.
Le VRS avant la grippe
A noter que, chaque hiver, la présence du VRS était détectée plus précocement que celle de la grippe, tant chez l'enfant que chez l'adulte.
Le Dr Zambon qui rapporte ces résultats, voit dans cette prévalence élevée des deux virus des implications diagnostiques et cliniques, en particulier un affinement possible des prescriptions des traitemens spécifiques de la grippe. Mais, s'interroge le virologue, ne vaudrait-il pas mieux, d'une part, identifier préalablement la souche de virus Influenzae avant de traiter et, d'autre part, éliminer une infection à VRS puisque les traitements seront dans ce cas inefficaces. Plusieurs agent antiviraux actifs contre le VRS, actuellement en phase précoce de développement, pourraient avaliser cette stratégie diagnostique. Dans ce cas et après avoir testé ces médicaments à la fois chez l'enfant et chez l'adulte, un diagnostic de détection virale rapide aurait des résultats patents sur les répercussions économiques des syndromes grippaux hivernaux.
M.-C. Zambon et coll., « The Lancet », vol. 358, 27 octobre 2001.
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