PIERRE LOTI (pseudonyme de Julien Viaud) fut, on le sait, un grand voyageur. Après une enfance mélancolique passée à Rochefort, il devint officier de marine puis capitaine de vaisseau et entama alors des périples qui le menèrent aux quatre coins du monde, et volontiers en Orient, et lui inspirèrent ses plus belles et célèbres pages : dans le Maghreb, au coeur du désert du Sinaï, en Asie mineure, sur la Baltique, en Islande, dans le Tonkin, au Japon, en Egypte, en Chine, en Océanie, en Turquie, dans le pays Basque, au Sénégal…
Le parcours que propose le musée de la Vie romantique – hôtel particulier plein de charme dans lequel vécut le peintre Ary Scheffer – dévoile une centaine de toiles, aquarelles, photos, objets d’art du XIXe siècle. On s’arrêtera devant l’oeuvre très onirique de Lucien Lévy-Dhurmer, « Fantôme d’Orient ou Pierre Loti devant Istanbul » ; on contemplera la romantique « Tempête sur les côtes de Belle-Ile », de Théodore Gudin, ou encore les exotiques « Portrait d’une jeune Nord-Africaine », de Portaels, et « A l’intérieur du harem », de Delacroix. Des dessins de l’écrivain sont également exposés. Ils sont mis en relation avec ses textes les plus forts : « Aziyadé », histoire d’amour tragique, pleine de péripéties et de rebondissements, qui se déroule dans un décor turc très « pittoresque », « Pêcheur d’Islande », inspiré des mers glaciales septentrionales, « le Désert » et l’appel de la quête spirituelle et mystique (les étendues arides sont illustrées dans l’exposition par des oeuvres de Dauzats, Gérôme ou Brokman), ou encore le superbe « Fantôme d’Orient ».
Comme Ulysse, Pierre Loti fit de beaux voyages. En fut-il heureux pour autant ? La mort est très présente dans son oeuvre. Il vivait dans le sentiment délétère de la fin de toute chose. S’ils sont harmonieux et mystérieux, les récits de Loti sont empreints de nostalgie et pleins de mauvais présages. Ils sont marqués par la fuite du temps et la précarité de la condition humaine. Une mélancolie très fin de siècle.
« Pierre Loti : fantômes d’Orient », musée de la Vie romantique (Hôtel Renan-Scheffer, 16, rue Chaptal, 9e), tél 01.55.31.95.67. Tlj sf lundi, de 10 h à 18 h. Entrée : 7 euros€ (TR 5,50 euros). Jusqu’au 3 décembre.
– Catalogue de l’exposition, éd. Paris-Musées, 30 euros.
– « Trois journées de guerre en Annam », réédité par Les éditions du sonneur (102 pages, 14 euros), récit par Pierre Loti de la prise de Huê, en août 1883, l’écrivain étant alors lieutenant de vaisseau sur le croiseur « l’Atalante ».
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