La contamination par le virus Ebola lors de rites funéraires d’un malade décédé fait partie d’un des principaux vecteurs de propagation d’une épidémie. C’est pourquoi il est important de connaître le délai au cours duquel un cadavre contient des versions viables du virus et reste contagieux.
Pour le savoir, le Dr Joseph Prescott et ses collègues du laboratoire de virologie des NIH, à Hamilton (Montana), ont infecté 5 macaques, puis les ont euthanasiés après qu’ils aient développé des symptômes et atteint une virémie importante. Deux animaux ont été infectés avec le variant Mayinga, isolé chez une infirmière décédée lors de la première épidémie de 1976, et trois autres ont été infectés par un variant isolé lors de l’épidémie actuelle en Afrique de l’Ouest.
Ces deux variants restent viables jusqu’à 7 jours après l’euthanasie, et l’on retrouve des ARN détectables jusqu’à 10 semaines après la mort des animaux, selon les résultats que ces chercheurs ont publiés dans « Emerging Infectious Disease ».
De l’ARN jusqu’à 10 semaines dans le sang et la bouche
Immédiatement après l’euthanasie, des prélèvements oraux, rhinopharyngés, sanguins, et de peaux ont été réalisés, ainsi que des biopsies de foie, de rate, de poumon et de muscle. Les carcasses ont ensuite été placées dans un environnement reproduisant le climat ouest africain : 27 °C et 80 % d’humidité et de nouveaux prélèvements ont été réalisés à intervalles réguliers.
De l’ARN viral était détectable jusqu’à 10 semaines dans les prélèvements sanguins et oraux. Les biopsies des poumons, du foie et de rate sont restées positives pendant trois à quatre semaines, jusqu’à ce que la décomposition rende tout prélèvement trop compliqué. Les prélèvements de muscle étaient en revanche très rarement positifs.
Des copies viables du virus étaient retrouvées jusqu’à trois jours après le décès dans les tissus, et jusqu’à sept jours dans les prélèvements oraux et rhinopharyngés. Les animaux chez qui l’on retrouvait des virus viables le plus tard étaient aussi ceux dont les charges virales étaient les plus fortes au moment de leur euthanasie. « Nos résultats montrent que de simples prélèvements effectués dans les voies respiratoires supérieures après le décès ne sont pas moins efficaces que des prélèvements de tissus », concluent les auteurs.
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