Le virus du Nil occidental, isolé pour la première fois en 1937 en Ouganda chez une femme, est apparu récemment dans les régions tempérées d'Europe et d'Amérique du Nord (à New York en 1999).
« Alors que nous entrons dans la cinquième année d'une pandémie en pleine expansion dans l'hémisphère occidental, il est clair maintenant que le virus West Nile n'est pas un phénomène passager », déclare le Dr Morse (New York State Department of Health, Albany) dans un article associé.
Hébergé par les oiseaux, le virus est transmis aux hommes (et aux chevaux) par les moustiques. Si la plupart des personnes infectées n'ont peu ou pas de symptômes, 1 personne sur 150 environ développe une méningite ou une encéphalite qui est potentiellement mortelle.
Puisque le virus peut être présent de manière transitoire chez les personnes infectées, on a soulevé la possibilité que le virus puisse être transmis par les greffes d'organes ou la transfusion sanguine.
Une enquête d'Iwamoto (Centers for Disease Control and Prevention, Atlanta) et coll. démontre sans équivoque que le virus du Nil peut être transmis par greffe d'organe.
Encéphalite
L'enquête a été lancée en août 2002, lorsque deux patients ont eu une encéphalite deux semaines après avoir reçu une greffe de rein d'un même donneur dans un hôpital de Géorgie. Deux autres patients en Floride, greffés avec le coeur ou le foie de ce même donneur, ont aussi développé une encéphalite ou une fièvre inexpliquée.
Les enquêteurs ont identifié, chez le donneur et les quatre receveurs, une infection récente par le virus du Nil occidental (vNo).
En effet, tous les patients greffés avaient une sérologie vNo négative avant la transplantation, mais trois des patients greffés ont ensuite produit des anticorps IgM anti vNo, et le quatrième patient, décédé d'encéphalite, avait un tissu cérébral porteur du virus.
Le donneur d'organe était une femme décédée au lendemain de son hospitalisation pour traumatisme accidentel. Elle reçut durant sa brève hospitalisation une série de transfusions sanguines. Deux prélèvements sériques avant les transfusions ne montraient aucune signe d'infection vNo (sérologie IgM négative, et test PCR négatif pour les acides nucléiques du virus). Mais les échantillons sanguins obtenus au moment du prélèvement des organes se sont révélés rétrospectivement positifs pour le vNo sur la culture virale et le test PCR. Il y a donc de fortes chances que son infection par le vNo ait été contractée au cours des transfusions sanguines.
Cette femme avait reçu le sang de 63 donneurs sanguins. L'enquête a permis de découvrir que l'un des donneurs présentait une virémie au moment du don sanguin, et il devint séropositif pour les IgM anti-vNo de un à deux mois plus tard. Par conséquent, l'explication la plus probable est que ce donneur a contracté l'infection virale par transfusion sanguine.
Cette enquête, ainsi que deux autres enquêtes récentes du CDC établissant le lien entre 23 infections par le virus du Nil et la transfusion sanguine, démontre donc la possibilité de transmission de ce virus par la greffe d'organes ou la transfusion sanguine.
Des recommandations de la FDA
La question est de savoir comment prévenir de telles transmissions à l'avenir. La FDA vient juste de publier des recommandations pour réduire ce risque de transmission par les transfusions. Plusieurs compagnies pharmaceutiques s'efforcent de développer avant le 1er juillet, début de la haute saison virale, des tests d'amplification d'acides nucléiques pour le virus du Nil occidental, qui puissent être approuvés par la FDA pour le dépistage des dons sanguins.
« New England Journal of Medicine » du 29 mai 2003, pp. 2196, 2173.
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