Le déficit immunitaire joue à lui seul un rôle majeur dans la survenue des cancers des patients séropositifs à VIH qu’ils soient ou non au stade SIDA. Telle est la conclusion d’une vaste étude prospective réalisée à partir des patients inclus dans la base de données hospitalières françaises sur l'infection à VIH (ANRS CO4). Les résultats de cette étude, publiés mercredi sur le site du journal Lancet Oncology, indiquent que le risque est proportionnel à la sévérité du déficit immunitaire, indépendamment des autres facteurs de risque éventuels.
Ces conclusions soulignent également que l'objectif du traitement ne doit pas seulement être la diminution de la charge virale, mais le maintien ou la restauration du nombre de lymphocytes CD4 au-dessus de 500/mm3. Pour le Dr Dominique Costagliola (Directrice de l'Unité mixte Inserm/Université Pierre et Marie Curie 943 « Epidemiologie, stratégies therapeutiques et virologie cliniques dans l'infection à VIH »), qui a dirigé l'étude, « il apparaît clairement qu'une immunodéficience, même modérée, est associée à une augmentation du risque de cancers chez les personnes infectées par le VIH.
De surcroît, à l'exception du cancer du canal anal, ce risque apparaît réversible lorsque les lymphocytes CD4 remontent. Il est donc indispensable d'obtenir chez ces patients, avec les traitements antirétroviraux, une restauration immunitaire et un maintien de celle-ci au-dessus de 500 CD4/mm3. Cela plaide également en faveur d'un diagnostic de l'infection et d'une mise sous traitement précoces. Enfin, ces résultats renforcent l'intérêt du dépistage régulier du cancer du col de l'utérus pour les femmes séropositives. Les auteurs rappellent que depuis l'introduction des multithérapies antirétrovirales en 1996, les cancers sont devenus la première cause de décès chez les patients infectés par le VIH.
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