Pour le « Quotidien », le Pr Roland Sambuc* met l'accent sur les points forts du 3e rapport du HCSP : sans une prévention conjuguée à une optimisation de l'organisation des soins et à une mutualisation des ressources, sans une simplification du dispositif et une clarification des responsabilités en cas de crise, et, enfin, sans démocratie sanitaire, il n'y a pas de bon système de santé s'adaptant rapidement aux changements.
« Le dernier rapport du HCSP renouvelle le constat que les performances de notre système de santé coexistent avec des situations relativement paradoxales. D'un côté, nous avons la France classée première par l'OMS, compte tenu d'éléments très positifs, exemplaires, tels que l'espérance de vie, et de l'autre, malheureusement, des inégalités de santé liées au sexe, aux régions ou encore à certaines catégories sociales. Ainsi, malgré les mises en garde, rien n'a endigué, jusqu'à présent, l'importance de la mortalité prématurée (avant 65 ans).
« Dans le même temps, de nouveaux enjeux apparaissent. Il s'agit du vieillissement de la population, nous y plongeons, et des effectifs de santé. Sur ce dernier point, nous sommes au sommet, aujourd'hui - nous comptons un nombre jusqu'ici inégalé de médecins -, et, pour autant, nous n'avons pas assez de praticiens dans les campagnes tandis qu'à l'hôpital nous faisons appel à des étrangers. Et quoi que nous entreprenions - l'ajustement du numerus clausus est indispensable -, la diminution des personnels soignants apparaît inéluctable.
« Il convient de prendre en compte les problèmes sur le plan national pour forger des méthodes de gestion du système de santé plus performantes et mieux utiliser les intervenants médicaux (suivi et évaluation). La France compte plus d'une dizaine de régimes d'assurance-maladie, quelle gabegie ! Il est temps de favoriser les soins par le travail en équipe et en optimisant le système de santé. Le patient, quant à lui, demeure la cible majeure. L'initiation à la démocratie sanitaire en fera un familier du système de santé et des traitements dont il peut être l'objet. D'autre part, il devient impératif, concomitamment aux soins, de développer la prévention avant la maladie, en direction, par exemple, de l'alcoolisme et du tabagisme, mais aussi dans la suite des soins, lors de maladies chroniques ou du vieillissement. Pour prévenir l'entrée en dépendance, la coordination entre les services sanitaires et sociaux doit jouer au maximum.
« Un autre maître motest la simplification du système de santé. Il s'ensuivra une clarification des responsabilités en cas de crise sanitaire. Pour l'heure, nous ne savons toujours pas, face à une crise quelconque, qui, du gouvernement ou d'un établissement constituant notre système de sécurité sanitaire, doit s'occuper de quoi et qui est responsable de quoi. Il faut assurer le développement de la logistique et la mutualisation des ressources. Les programmes régionaux de santé sont d'excellentes choses, mais il doivent être simplifiés pour que les gens puissent travailler ensemble. C'est de cette manière que lesystème de santé sera dynamisé. Dès lors, il sera capable de s'adapter aux changements (évolution démographique, innovations technologiques, nouveaux besoins sociaux). Un bon système sanitaire, conclut le Pr Roland Sambuc, est celui qui anticipe l'avenir ».
* Professeur de santé publique, Marseille.
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