L'augmentation de l'atopie dans les pays industrialisés serait-elle due, au moins pour une part, à la réduction de l'infection par le VHA ? La question est posée par une équipe de l'université de Stanford (Californie). Les chercheurs montrent que l'infection par le VHA peut protéger les individus de l'atopie s'ils sont porteurs d'un variant particulier d'un gène codant un récepteur de surface utilisé par le VHA pour infecter les cellules humaines.
Avant 1970, la séroprévalence des anticorps contre le VHA approchait 100 % dans les pays industrialisés, rappellent les auteurs. Les modifications de la société ont conduit à une réduction de la taille des familles et à une amélioration significative de l'hygiène publique ; de ce fait, la séroprévalence a chuté à 25-30 %. Simultanément, on constatait que les maladies atopiques - asthme, rhinite allergique et dermatite atopique - doublaient. Epidémiologiquement, on a montré que l'infection par le VHA et l'atopie sont associées aux mêmes facteurs - hygiène défavorable et grandes fratries -, mais, de manière inverse, ils favorisent l'exposition au VHA et protègent contre l'atopie.
Par ailleurs, outre ces éléments environnementaux, la survenue de l'atopie est gouvernée par des facteurs génétiques. C'est sur cela que les chercheurs ont travaillé.
Le gène candidat pour l'atopie, TIM-1
A l'aide d'une stratégie de clonage positionnel, ils ont identifié un gène candidat pour l'atopie et l'asthme chez la souris, TIM-1, et déterminé son homologue chez l'homme, sur le chromosome 5q31-33, qui est lié à l'atopie. TIM-1 est exprimé par les CD4 activés pendant le développement des réponses Th2 et il régule la production des cytokines.
En complément, les généticiens ont trouvé chez certains individus une variation du gène capable d'affecter l'efficacité de l'entrée virale dans la cellule.
Quel effet la présence de ce variant exerce-t-il sur la survenue de l'atopie, se sont ensuite interrogés les généticiens ?
La réponse est venue d'une étude transversale menée chez 375 personnes, chez qui ont été recherchés des antécédents d'atopie ou d'infection par le VHA. Ensuite, l'association avec le variant de TIM-1 a été quantifiée.
« Nous trouvons que la séropositivité au VHA protège de l'atopie, mais seulement chez les individus porteurs du variant de TIM-1 (p = 0,0005) », concluent les auteurs.
63 % des Caucasiens
De ce fait, les effets protecteurs du VHA sont sous la dépendance d'un allèle courant de TIM-1, porté par 63 % des Caucasiens, 46 % des Asiatiques et 64 % des Afro-Américains (dans la population étudiée).
Comme la variation allélique ne semble pas affecter les taux d'infection par le VHA (toujours dans cette population), les auteurs en concluent que l'interaction du VHA et du génotype TIM-1 n'est pas due à une variation du taux de séroconversion qui suit l'exposition au VHA.
« Notre découverte que le variant de TIM-1 est associé à l'atopie chez les individus séropositifs pour le VHA indique que l'exposition à un pathogène spécifique peut influer sur l'expression de l'atopie, mais aussi en fonction d'un génotype particulier », explicitent les auteurs.
Maintenant, il serait nécessaire de déterminer si l'exposition au VHA doit survenir pendant l'enfance pour être protectrice. Il faudrait aussi savoir si le VHA atténue la sévérité d'une atopie déjà existante. Et, enfin, si la vaccination est à même de reproduire les effets de l'infection naturelle.
Jennifer McIntire et coll., « Nature », vol. 425, 9 octobre 2003, p. 576.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature