Quel sera le visage de la cancérologie à l’horizon de 2020 ? En 2013, la fédération Unicancer s’était livrée à une sorte de prospective pour imaginer les grandes évolutions de la discipline. « Unicancer avait estimé que d’ici à 2020, la proportion de traitements médicamenteux par voie orale pourrait passer des 25 % actuels à 50 %, et les chimiothérapies intraveineuses diminuer de 25 %. En conséquence, la fédération prévoyait une diminution progressive de l’activité des hôpitaux de jour. Or ce n’est pas la tendance que nous constatons. Les hôpitaux de jour continuent et devraient continuer à recevoir un grand nombre de patients », indique le Dr Olivier Trédan, coresponsable du département de médecine et responsable de l’hôpital de jour du centre Léon Bérard à Lyon.
Certes, ces dernières années, les thérapies délivrées par voie orale ont pris une place croissante. Aujourd’hui, de plus en plus de chimiothérapies ou de thérapies ciblées peuvent être prises à domicile, via des comprimés. « Mais ces traitements oraux ne vont pas supplanter les thérapies intraveineuses mais juste venir élargir notre arsenal thérapeutique », souligne le Dr Trédan.
Une forte fréquentation due à la chronicisation et à l'immunothérapie
Aujourd’hui, les hôpitaux de jour continuent de recevoir un grand nombre de patients, qui vivent de plus en plus longtemps. « Il y a une vraie chronicisation de certains cancers métastatiques, en particulier pour le sein, le côlon ou le poumon. Et ces patients vont continuer à être largement suivis en hôpital de jour », affirme le Dr Trédan.
Aujourd’hui, les hôpitaux de jour délivrent deux types de traitement. « Il y a d’abord les traitements classiques ambulatoires, avec des perfusions qui durent trois, quatre ou cinq heures. Mais nous recevons aussi des patients qui viennent démarrer leur chimio en hôpital de jour pour la poursuivre à leur domicile durant deux ou trois jours. C’est ce qui se passe pour les cancers digestifs par exemple. On fait venir les patients pour la journée, on commence la chimio puis on met en place une pompe qui va permettre la délivrance du traitement en hospitalisation à domicile », explique le Dr Trédan.
Un élément important pour l’hôpital de jour a été l’arrivée massive d’immunothérapies. « Car ces traitements ne peuvent se faire que par perfusion et en hôpital de jour. On ne va pas faire des perfusions d’anticorps à domicile », souligne le Dr Trédan.
L’activité en hôpital de jour est également bien adaptée à la tarification à l’activité. « Nous faisons beaucoup de chimiothérapies qui sont relativement bien financées via la tarification à l’activité. Et cela permet aux établissements de bien fonctionner », indique le Dr Trédan.
La problématique de la sortie de la liste en sus
Selon lui, le principal problème concerne la sortie de la liste en sus d’un certain nombre de médicaments pourtant jugés très utiles par les oncologues. « En raison du coût élevé de certaines molécules et du contexte budgétaire, la commission de la transparence de la Haute Autorité de santé (HAS) délivre de plus en plus d’ASMR (amélioration du service médical rendu) 4 ou 5. Ces médicaments, dont les bénéfices ne sont pas jugés suffisamment convaincants par la HAS sont parfois retirés de la liste en sus. Dans ce cas, l’établissement n’a que deux solutions : payer le traitement lui-même ou cesser de le délivrer aux patients », indique le Dr Tredan, en évoquant le cas du bevacizumab. « La sortie de ce médicament de la liste en sus pour le cancer du col est un vrai problème. Bien que ce médicament améliore la survie globale, il a été classé en ASMR 5 et la plupart des établissements ont annoncé qu’ils ne pourraient plus continuer à l’utiliser. C’est quelque chose qui fait beaucoup de bruit dans le monde de la cancérologie car cela porte préjudice à nos patientes atteintes d’un cancer du col de l’utérus », indique le Dr Trédan.
D’après un entretien avec le Dr Olivier Trédan, co-responsable du département de médecine et responsable de l’hôpital de jour du centre Léon Bérard à Lyon
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