De notre correspondante
à New York
« Etant donné que moins de 10 % des patients asthmatiques sont vaccinés contre la grippe, nous encourageons la promotion de programmes qui soulignent l'importance de ce vaccin chez les patients asthmatiques », déclare l'équipe multicentrique dirigée par le Dr Castro (Washington University School of Medicine, Saint-Louis, Minnesota).
L'infection par le virus grippal est responsable d'une morbidité non négligeable chez les adultes et les enfants asthmatiques. La grippe rend les asthmatiques plus susceptibles de développer une bronchoconstriction, de présenter des exacerbations de l'asthme et même des déclins prolongés de la fonction pulmonaire. En outre, la grippe est une raison fréquente d'hospitalisation chez ces enfants.
On sait que le vaccin grippal prévient efficacement l'infection dans 70 à 90 % des cas, lorsque les souches incluses correspondent bien à celles en circulation. Certaines études suggèrent qu'il réduit la morbidité chez les sujets asthmatiques et la vaccination est donc recommandée chez eux. Pourtant, moins de 10 % des asthmatiques sont vaccinés contre la grippe, un pourcentage bien mince en comparaison de 68 % de la population âgée de plus de 65 ans, autre groupe chez qui cette vaccination est recommandée.
Des résultats non concluants
Une des raisons invoquées pour ce faible taux de couverture vaccinale est la crainte d'un risque pour ces patients. Une revue des études évaluant la sécurité du vaccin grippal dans cette population, a donné des résultats non concluants. Ce qui n'a évidemment pas levé les craintes.
Afin de résoudre cette question, l'American Lung Association a décidé de conduire une étude contrôlée randomisée évaluant la sécurité du vaccin grippal chez les asthmatiques.
Au total, 2 032 patients asthmatiques ont été recrutés dans 19 centres hospitaliers américains entre la mi-septembre et la fin de novembre 2000. Les patients étaient âgés de 3 à 64 ans, avaient été diagnostiqués asthmatiques par leur médecin, présentaient un asthme stable depuis deux semaines et recevaient un traitement depuis plus d'un an. Ont été exclus les sujets présentant une allergie aux œufs ou au thimerosal, un antécédent de syndrome de Guillain et Barré, une vaccination grippale dans les six mois précédents, ou un syndrome fébrile (plus de 38 °C) dans les vingt-quatre heures précédentes.
L'étude est un essai croisé, randomisé en double insu, dans lequel les patients ont reçu une injection du vaccin grippal (vaccin trivalent inactivé par la chaleur, Fluzone, Aventis Pasteur) et une injection du placebo, dans un ordre sélectionné au hasard, à quatre semaines d'intervalle.
Chaque jour, pendant les deux semaines qui ont suivi l'injection, les patients ont enregistré leur débit expiratoire de pointe, les symptômes pouvant être associés à l'injection, la prise de médicaments antiasthmatiques, la nécessité d'une consultation médicale urgente en rapport à l'asthme, ou toute absence scolaire ou professionnelle liée à l'asthme.
Fréquence similaire des exacerbations
L'analyse montre que la fréquence des exacerbations asthmatiques dans les deux semaines après la vaccination (28,8 %) est similaire à celle après l'injection du placebo (27,7 %). De même, la fréquence des symptômes asthmatiques dans les trois jours suivant le vaccin est la même que celle après l'injection du placebo (13 %). En outre, les taux d'exacerbation asthmatique sont similaires dans les sous-groupes définis par l'âge, la sévérité de l'asthme et d'autres facteurs.
« Le principal résultat de cette étude contrôlée est que la vaccination grippale n'aggrave pas l'asthme », notent les investigateurs. Ils émettent toutefois une réserve. Une limitation potentielle de l'étude est qu'elle a été conduite sur une seule saison et avec une seule préparation vaccinale. « Il est possible, disent-ils, que d'autres préparations de vaccin grippal puissent avoir des effets différents. Nous soulignons que nos résultats ne peuvent être extrapolés aux vaccins grippaux vivants atténués par le froid qui pourraient devenir disponibles dans le futur. »
« New England Journal of Medicine », 22 novembre 2001, p. 1529.
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