CONGRES HEBDO
L E concept de déficit cognitif léger (ou MCI pour Mild Cognitif Impairment) a été proposé pour définir un état cognitif transitionnel entre le vieillissement normal et la démence, quelles qu'en soient l'étiologie ou l'évolution. Il correspond à une population hétérogène de sujets se plaignant de troubles de la mémoire pour des raisons variées. Ce concept présente également l'intérêt de fournir un cadre pour l'identification et le suivi des patients qui évolueront secondairement vers la maladie d'Alzheimer, le taux de conversion vers la maladie d'Alzheimer étant estimé à environ 15 % par an.
Selon le Dr Laurent (Saint-Etienne), tout le monde s'accorde pour dire que le concept de MCI, présenté souvent comme un syndrome à part entière, ouvre la discussion du stade initial de la maladie d'Alzheimer.
Tout dépend alors des moyens diagnostiques que l'on se donne et deux tendances s'affrontent : la première maintient un flou autour du concept de MCI avec des critères de définition très lâches, volontairement mal définis, qui ont cependant le mérite de la modestie et de la prudence. L'évolution spontanée tranchera dans des délais parfois très longs, de plusieurs années. La seconde, adoptée par l'équipe du Dr B. Laurent, consiste à faire le diagnostic de MA à un stade prédémentiel, en différenciant clairement au sein du MCI le groupe des suspects ou « déclineurs ». Cela reste actuellement un diagnostic ambitieux, exigeant en termes de temps et lourd financièrement si l'on utilise l'imagerie.
L'imagerie cérébrale morphologique et surtout fonctionnelle pourrait permettre de progresser dans la définition du concept et de mieux définir le cadre de MCI et plus précisément la part représentée par la maladie d'Alzheimer. Les travaux en imagerie morphologique et, en particulier, les études volumétriques en résonance magnétique nucléaire (IRM) ont mis l'accent sur la diminution du volume de certaines régions hippocampiques et temporales. Les travaux en imagerie fonctionnelle ont retenu l'hyperfonctionnement de ces mêmes régions, associé à celui des régions cingulaires comme étant évocateur du diagnostic de MCI.
Ce type d'hyperfonctionnement pourrait avoir une valeur prédictive en matière d'évolution démentielle, c'est-à-dire prédictive de la conversion en une authentique démence. Enfin, l'existence d'un MCI lié à des lésions vasculaires et restant relativement stable sur le plan cognitif est une hypothèse que l'imagerie cérébrale, en particulier l'IRM, pourrait aider à préciser.
Traiter pharmacologiquement, le MCI impose en toute logique de définir les cibles à atteindre par le médicament et en conséquence d'en préciser la physiopathologie. Sur ce plan, seules des hypothèses sont émises en raison de la non-accessibilité du cerveau humain in vivo en dehors de la neuro-imagerie fonctionnelle.
Deux hypothèses
Pour le Pr Hervé Allain (université de Rennes), il faut adopter une vision dichotomique : soit le MCI représente les premiers stigmates d'un processus démentiel, soit le MCI est une entité autonome correspondant à des troubles fonctionnels de mécanismes assurant l'harmonie et la performance des fonctions cognitives (dont la mémoire).
Dans le premier cas, toutes les hypothèses mécanistiques conduisant à la maladie d'Alzheimer doivent être envisagées (surcharge calcique, déficit métabolique neuronal, troubles des canaux ioniques...) confronté néanmoins au problème de l'ordre chronologique d'arrivée de ces phénomènes. Sur le plan thérapeutique, toutes les molécules indiquées ou destinées à la maladie d'Alzheimer seront incluses dans l'arsenal thérapeutique « théorique ». A l'inverse, selon la deuxième hypothèse, la voie d'entrée pharmacologique reposera sur la pharmacologie des principales fonctions cognitives, exécutives ou attentionnelles, pharmacologie pour l'instant « symptomatique » ou supplétive, largement dominée par l'impact des médicaments sur les grands systèmes de neurotransmission (dopamine, acétylcholine). Pour le moment, les travaux réalisés sur le sujet volontaire sain (jeune ou âgé) restent le guide majeur et essentiel du choix de la molécule la plus adaptée au trouble dominant du MCI.
D'après le symposium organisé par le groupe « dopamine et cognition » en partenariat avec Euthérapie.
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