Grâce à une première photographie diagnostique du Haut Comité de la santé publique portant sur les années 1991-1994, la France est apparue comme un corps animé d'un certain état de bien-être, variable selon son exposition régionale. Jusqu'alors, le pays n'avait aucune idée des inégalités interrégionales, qui le caractérisaient, en termes de morbidité et de mortalité.
La deuxième radiographie effectuée entre 1994 et 1998, mettait l'accent, entre autres, sur une médecine très performante pour les transplantations, les maladies cardio-vasculaires ou pour la prise en charge de certains cancers.
Cependant, les six membres de droit et 21 experts du HCSP soulignaient la mortalité évitable due au tabac, à l'alcool, aux accidents domestiques et de la route, aux suicides et à la consommation excessive de médicaments. Mais la France, qui ne dépense guère plus de 2 euros par habitant et par an pour la prévention, continue à enregistrer chaque année quelque 40 000 décès prématurés évitables.
En finir avec les inégalités
Elle reste le troisième pays au monde pour ses dépenses de santé, qui représentent 10 % du produit intérieur brut.
Le troisième rapport du HCSP, qui sera rendu public avant la fin du mois, fournira, comme les précédents, un état des lieux de la santé en France dans la période 1998-2001, et dégagera des priorités pour les années à venir.
« Ce que je peux dire, dit au "Quotidien" le Dr Pierre Guillet, l'un des deux généralistes du Haut Comité, c'est qu'il est passionnant. Il souligne qu'un certain nombre d'erreurs, et d'inégalités ne peuvent perdurer. Aussi préconise-t-il des réorganisations afin d'obtenir des progrès substantiels. » « Quant à savoir ce que deviennent (ses) recommandations sur le terrain, s'interrogeait dans les colonnes du « Quotidien » (du 30 avril 1999) le Pr Gilles Brucker, aujourd'hui membre du cabinet Kouchner, il conviendrait d'engager des évaluations périodiques pour répondre à la question. » Le Pr Brucker, tout juste installé à la vice-présidence du HCSP (1999), préconisait, face aux inégalités interrégionales, de « mieux répartir les médecins de famille pour répondre aux besoins », et déplorait, par ailleurs, la mauvaise observance de la loi Evin sur le tabagisme dans les lieux publics. Or, qu'en est-il aujourd'hui ?
* C'est le ministre de la Santé qui préside le HCSP.
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