«LES FEMMES qui cherchent à être les égales des hommes manquent d’ambition» : les éditorialistes du « British Medical Journal » (8 avril) ont mis cette phrase de Timothy Leary (l’apôtre des pratiques psychédéliques) en exergue du texte dans lequel ils se réjouissent d’une première dans l’histoire de l’humanité : aujourd’hui, dans tous les pays du monde, l’espérance de vie des femmes dépasse celle des hommes.
Dans le rapport de 2002 de l’OMS, six pays étaient encore à la traîne en la matière, le Népal, le Botswana, le Zimbabwe, le Lesotho, le Bangladesh et le Swaziland ; sans compter le Quatar et les Maldives, signalés l’année suivante. Même si, pour certains pays, les données précises manquent, on peut considérer que 2006 est l’année de cette victoire féminine sans précédent.
L’annoncera-t-on en fanfare, comme on l’a fait il y a près de trente ans pour l’éradication de la variole ? Les éditorialistes le jugent peu probable : «Nous avons tendance à oublier que dans bien des pays, récemment encore, les femmes devaient s’attendre à vivre quelques années de moins et que la mortalité maternelle, en particulier,reste un tueur redoutable.»
En Europe, la plus grande longévité féminine s’est imposée depuis longtemps : 1751 en Suède, 1835 au Danemark. Mais dans tous les pays de l’Europe de l’Ouest, la différence tend à s’atténuer. En Suède, le pic (6,2 ans) a été atteint en 1978. Selon les auteurs, l’émancipation a entraîné les femmes à se conduire comme des hommes, et surtout à fumer. «Le processus ne peut être purement biologique: il est principalement lié au changement social.»
Ainsi, la longévité n’est peut-être pas une conquête définitive, «compte tenu du fait que, pour les cigarettes, le plus grand marché inexploité est celui des femmes des pays les plus pauvres». > R. C.
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