Le tribun

Publié le 20/02/2013
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Pour un hospitalier, représenter ses pairs, les patrons de CHU est une forme de reconnaissance. La carrière de Philippe Domy qui fut menée avec constance, étape par étape, dans des villes moyennes du nord de la France, a sans doute joué dans une élection disputée pour élire le président de la Conférence des directeurs généraux de CHU. Dans ces chefs-lieux de cantons et sous-préfectures, il y a sans doute un peu rongé son frein. Mais depuis Rennes*, Denain, Saint-Amant, Arpajon, Dourdan, Valenciennes et Amiens, il a toujours été aux commandes de l’hôpital. Ouvrières, populaires, généreuses mais souvent malmenées par la vie, ce sont des villes que l’on pilote avec difficulté. Auxquelles il faut donner des projets, des raisons de se battre et d’espérer pour s’en sortir. Bien différente est en apparence Montpellier, la faculté historique de Rabelais, une des toutes premières d’Europe. Mais aussi propriété de vieilles familles médicales, plus si sûres d’elles qu’autrefois mais qui entendent toujours se mettre en avant. Dans le Sud, la politique et la bagarre peuvent être d’une grande violence malgré les réseaux censés y faire vivre ensemble les extrêmes. Georges Frêche* y a mené la danse et grand train pendant plus de trente ans, cassant les codes de la bourgeoisie médicale et juridique. L’hôpital et la fac n’ont pu que suivre. Mais une fois le maître de Montpellier et de la région affaibli, directeurs et médecins se sont déchirés. Les batailles à mort entre deux anciens directeurs et la mise en quarantaine par Paris ont usé la capitale régionale du Languedoc-Roussillon. Le temps de l’apaisement, de la reconstruction et de la reconquête a enfin sonné. Il y faut du souffle, de la hauteur et connaître le sens du vent. Avec le nouveau DG de Montpellier, ça pourrait enfin marcher. Car tout est grand chez lui. La taille, la voix, l’éloquence qui lui donnent l’allure d’un tribun méridional, capable d’en imposer aux notabilités locales et maintenant au ministère. Dans le Sud, on aime le verbe et « se faire prendre ». Philippe Domy a la passion de la pêche en eaux profondes. Cela devrait lui servir pour donner le cap et tracer l’avenir. Il faut, dans le Midi du tempérament et de l’organe. L’homme n’en manque pas.


Source : Décision Santé: 290