ANTIQUITES
PAR FRANÇOISE DEFLASSIEUX
I L a fallu plus de deux ans au Dr Mulette, commissaire de l'exposition, et courir jusqu'au Pays Basque et aux Etats-Unis pour réunir la soixantaine d'uvres des orfèvres de Sedan, Mezières, Réthel et Charleville, du XVIe au XVIIIe siècles.
On sait le triste sort réservé en France aux objets de métal précieux. La frontière de l'est, victime de conflits et invasions répétés, et des bombardements de deux guerres mondiales, fut encore moins épargnée.
Si les corporations d'orfèvres y furent, comme ailleurs, puissantes et influentes, aucun style typiquement régional ne se dégage de ces verseuses, gobelets, huiliers, coupes, écuelles et couverts, influencés surtout par les styles proches de Paris et des Flandres. Sauf peut-être ces grandes cafetières à côtes torses et mascarons, caractéristiques des provinces du nord.
L'objet le plus ancien est un précieux gobelet du XVe siècle, conservé au Louvre, celui qui nous vient de plus loin est un élégant pot à eau XVIIIe, sobrement sphérique, prêté avec grandes précautions par le Met de New York. Il est signé de ce Jean Tugot, de Méziere, qui avait obtenu de Louis XVI le privilège de fabriquer des objets d'argent plaqué. Le siège de cette entreprise se trouvait à l'hôtel de Pomponne à Paris. Le nom de pomponne est resté attaché depuis, non au métal argenté, mais aux petits objets de laiton doré.
En dehors des objets présentés, l'exposition nous renseigne sur la vie des métiers et des corporations. Plusieurs plaques d'inculpations où étaient gravés les noms, dates et poinçons d'orfèvres, ont été conservées.
Dans toutes les villes de France, la corporation des orfèvres représentait l'élite du métier, ses membres étaient de riches notables. Les archives nous parlent d'eux parfois, en bien, ou en mal, comme ces deux orfèvres de Charleville, pendus au XVIIe comme faux-monnayeurs.
Les événements ne les épargnent pas : sous la Terreur, Pierre Dalchez, maître à Sedan, est guillotiné à Paris avec tout le conseil municipal de sa ville. Quelques mois plus tard, son confrère Antoine Maret est victime de la réaction thermidorienne.
Cette exposition riche d'art et d'histoire, appuyée par un catalogue particulièrement « didactique » passionnera tous les amateurs d'orfèvrerie. Elle permet aussi d'apprécier le nouvel aménagement du musée de l'Ardenne, installé dans trois bâtiments anciens, dans un angle de la place Ducale. Une gageure pour l'architecte, qui a su, par un jeu de transparences et de dénivellations, composer un ensemble clair, homogène et plein de charme, qui respecte et valorise l'identité de chacune des maisons du XVIIe siècle.
Deux siècles de Vermeil et d'Argent. Musée de l'Ardenne, 31, place Ducale, 08000 Charleville-Mezières. Jusqu'au 9 octobre (fermé le lundi).
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature