I l existe une augmentation des maladies cardio-vasculaires chez les personnes qui travaillent en équipe, avec des horaires décalés. De nombreuses études l'ont attesté en chiffrant à 40 % l'excès du risque. L'étude publiée dans « Occupational and Environmental Medicine » met l'accent sur une augmentation de l'arythmogénicité liée aux conditions du travail. Des modifications du contrôle par le système nerveux autonome souvent incriminées n'apparaissent pas, en revanche, au premier plan.
L'étude montre qu'après un an de travail en équipe, avec des horaires variables comprenant des périodes nocturnes, on constate une augmentation significative de l'incidence des extrasystoles ventriculaires si l'on compare à des sujets travaillant de jour. La fréquence des ESV s'est accrue chez 48,9 % des travailleurs en équipes et chez 27,3 % des travailleurs de jour. Tous les sujets commençaient un nouveau travail et les mesures ont été réalisées dès le début de leur prise de poste.
Des enregistrements Holter sur 24 heures
Dans cette étude, le travail en équipes a été défini comme un travail avec des horaires alternants, incluant des nuits. Les 107 participants de l'étude (75 travailleurs alternants et 32 travailleurs de jour) ont été soumis à des enregistrements Holter sur 24 heures, pendant leurs périodes de travail et en dehors. Les personnes enrôlées travaillaient, enfin, dans des manufactures ou dans des entreprises d'incinération de déchets. L'observation a duré un an.
Au terme de cette année, si la fréquence des ESV est significativement modifiée, tel n'est pas le cas de la variabilité du rythme cardiaque. Ce qui permet aux investigateurs de dire que l'impact sur le système nerveux n'est pas en cause.
Les auteurs se sont penchés sur les facteurs associés au travail à horaires décalés, comme la consommation de café. Ils ont également pris en compte l'indice de masse corporelle et le tabagisme, qui sont associés à la survenue d'ESV.
L'hypothèse du stress chronique
Dans l'étude les médecins hollandais ne donnent pas d'explication de l'augmentation de la fréquence des ESV. Ils retiennent, cependant, comme plus plausible l'hypothèse du stress chronique associé au travail de nuit. Il a déjà été montré que le passage d'un travail de jour à un travail de nuit peut induire un relargage des médiateurs sympathiques. Par ailleurs, une modification d'un tonus vagal vers une emprise à dominance sympathique se produit pendant la nuit.
Dans l'étude, un seul des participants a atteint le seuil alarmant des 30 ESV par heure. En deçà de ce seuil, l'augmentation de la fréquence des ESV peut être considérée comme un indicateur de changements défavorables au niveau du myocarde. Cela constitue un maillon important dans la chaîne des événements unissant le travail à horaires irréguliers et nocturnes et l'augmentation du risque de maladies cardio-vasculaires.
M. Van Amelsvoort et coll. « Occupational and Environnemental Medicine », 2001 ; 58 : 678-681.
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