La vaccination a permis de réduire considérablement l'incidence de certaines maladies infectieuses. Elle est une arme de prévention efficace et les grandes campagnes de vaccination obligatoire entreprises depuis 1945 ont eu raison de la variole, de la diphtérie, du tétanos, de la poliomyélite et de la tuberculose. Mais la politique vaccinale a changé. Jadis fondée sur l'obligation, elle évolue vers un concept beaucoup plus personnalisé qui fait appel à la responsabilité de chacun vis-à-vis de sa santé. La motivation des vaccinateurs, c'est-à-dire des professionnels de santé, généralistes et spécialistes, et leur capacité à informer le public sont essentielles.
Le vaccin est altruiste
Si la protection individuelle est importante, la protection collective l'est tout autant. « Le vaccin est altruiste » : lorsque 70 % d'une population sont vaccinés, les 30 % qui ne le sont pas profitent, même s'ils sont hostiles à la vaccination, de la protection due à la moindre circulation du virus. Ce n'est pas le cas des adultes dont la couverture vaccinale est insuffisante : un tiers de la population adulte n'est pas à jour du rappel diphtérie-tétanos-polio ; deux tiers n'ont pas reçu le ROR dans l'enfance. Or, certaines maladies infantiles resurgissent aujourd'hui chez l'adulte, d'autres n'ont pas disparu de la planète : la poliomyélite, la diphtérie (dans les pays de l'Est), le tétanos, qui touche encore une cinquantaine de Français chaque année. De plus, cette protection insuffisante des « oubliés de la vaccination » risque de se détériorer sous l'effet des facteurs d'évolution de la société : la fin du service militaire obligatoire, la diminution des certificats prénuptiaux avant la grossesse, l'augmentation du nombre des voyages, le vieillissement de la population. Ainsi, 300 000 jeunes hommes ne bénéficieront plus de la mise à jour systématique de leurs vaccins ; les grossesses plus tardives et hors mariage accroissent le risque de rubéole (les cas d'atteintes rubéoliques au cours de la grossesse ne sont pas rares). Sans oublier les trois millions et demi de personnes qui quittent le territoire français chaque année (ce chiffre progresse de 5 à 10 % par an) : « Ils vont à la découverte d'un monde nouveau : monuments célèbres, contrées exotiques, civilisations inconnues, mais surtout ils vont à la rencontre d'un monde invisible, d'une écologie microbienne ignorée de leur système immunitaire », souligne le Pr Dominique Peyramond.
Ils sont plus nombreux, vont de plus en plus loin, plus longtemps et leur état vaccinal, par rapport aux zones d'endémie où ils se rendent, n'est pas correct (même pour la fièvre jaune pourtant obligatoire). Leur âge croît, tout comme croît la population des plus de 65 ans, soumise à des risques particuliers : infections grippales ou pneumococciques, aux effets délétères en cas d'hospitalisation ou de vie en institution (500 000 d'entre eux y vivent).
Les réticences des généralistes
Toutes ces raisons ont conduit la LFPMI à lancer le tour de France de la vaccination de l'adulte. Menée en partenariat avec Aventis Pasteur MSD et avec le parrainage de l'Association des professeurs de pathologie infectieuse et tropicale (APPIT) et de la Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF), cette campagne s'arrêtera dans 17 villes étapes dans plusieurs régions de France pendant six mois, du 11 octobre 2001 au 14 mars 2002. Le prologue a eu lieu la semaine dernière à Paris, sous la forme d'une conférence de presse, en présence d'un représentant de chacune des parties, dont les généralistes. Le Dr Michel Martin (Montgeron) a pris acte de la réticence de ses confrères, troublés par les remous autour du vaccin contre l'hépatite B, par l'évolution juridique touchant les pratiques médicales et par la médiatisation exagérée de certaines complications des vaccins. Les généralistes sont en effet au cur du dispositif : ils sont le plus régulièrement impliqués dans la vaccination des adultes et ont souvent à répondre aux questions de patients inquiets. Mais le rôle des spécialistes n'est pas moindre : pneumologues, cardiologues, médecins du travail, gérontologues ou médecins des centres de vaccination.
Des soirées d'information
La campagne, qui a reçu le label FMC par la SPILF, s'adresse à eux. Elle se déroulera sous forme de soirées d'information d'environ 80 minutes, réunissant 150 professionnels. Elles seront présidées par un membre de l'APPIT qui choisira localement ses intervenants et bénéficiera d'une base de données validée par un comité scientifique (constitué des membres de la LFPMI) : références bibliographiques et diapositives. Quatre thèmes sur un aspect de la vaccination devront être, chaque fois, abordés : adulte jeune, voyageur, sujet âgé et une problématique régionale ou plus spécifique. Le tour partira d'Amiens et son apothéose finale aura lieu sur les Champs-Elysées. L'enjeu est d'importance, car il montre l'engagement des infectiologues, spécialistes des maladies infectieuses, dans la prévention. Le message est clair : des données médicales bien validées ont montré l'efficacité et l'innocuité de la vaccination, les quelques effets secondaires, les complications et les contre-indications sont bien définis pour la majorité des situations auxquelles elle s'adresse. La politique de vaccination ne doit pas être remise en question et l'acte vaccinal doit être accepté. Le Dr Philippe Bouvier conclut : « Cette grande avancée recèle son propre piège : ces maladies, comme par exemple la diphtérie ou la poliomyélite, paraissent désormais tellement lointaines que leur menace n'est plus perçue comme réelle, et seuls apparaissent au public les inconvénients de se faire vacciner. » Le risque est bien « de voir la couverture vaccinale faiblir et la maladie réapparaître ».
Conférence de presse à Paris avec le Pr René Roué (président de la LFPMI, hôpital militaire Bégin), le Pr Patrick Choutet (président de l'APPIT, hôpital Bretonneau, Tours), le Pr Dominique Peyramond (président de la SPILF), le Pr Jean-Luc Schmit (secrétaire général de la LFPMI, hôpital Nord, Amiens), le Dr Michel Martin (médecin généraliste, Montgeron), le Dr Philippe Bouvier (directeur général des opérations France, Aventis Pasteur MSD).
Les 17 étapes
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ADatePrésident de séance
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Amiens11 octobrePr Jean-Luc Schmit
Marseille18 octobrePr Jean Delmont
Brest25 octobrePr Michel Garré
Dijon8 novembrePr Henri Portier
Nancy14 novembrePr Thierry May
Strasbourg22 novembrePr Daniel Christmann
Caen29 novembrePr Claude Bazin
Montpellier13 décembrePr François Janbon
Nice10 janvierPr Pierre Dellamonica
Toulouse15 janvierPr Bruno Marchou
Bordeaux24 janvierPr Jean-Yves Lacut
Tours31 janvierPr Patrick Choutet
Clermont-Ferrand7 févrierPr Jean Beytout
Limoges21 févrierPr Pierre Weinbreck
Lille28 févrierPr Yves Mouton
Lyon7 marsPr Dominique Peyramond
Paris14 marsPr René Roué
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