REFERENCE
Contesté aux Etats-Unis
Il paraît inimaginable à la majorité des obstétriciens et des sages-femmes de ne pas réaliser un toucher vaginal (TV) lors d'une consultation obstétricale.
Le professionnel qui ne le pratiquerait pas serait vite suspecté par ses patientes d'être un « mauvais praticien ».
Il est pourtant, notamment aux Etats-Unis, contesté par l'Evidence Based Medecine.
Le tout est de savoir définir les objectifs du TV en obstétrique : s'il est performant pour atteindre ses objectifs, s'il peut avoir des effets néfastes, si son utilisation doit vraiment être systématique ou être réservée à certaines situations cliniques bien précises.
Objectifs et indications classiques.
Classiquement, le TV se pratique systématiquement au cours d'une consultation ; il est destiné à explorer le périnée, le col, le segment inférieur et le bassin.
En début de grossesse, il permet le diagnostic de celle-ci et le dépistage d'une pathologie gynécologique associée (fibrome, kyste à un ovaire...).
En cours de grossesse, il pourrait servir au dépistage, dans une population à bas risque, d'une menace de fausse couche ou d'accouchement prématuré. En cas de symptômes (douleur, hémorragie), il permettrait de confirmer le diagnostic.
En fin de grossesse, il évalue les conditions de l'accouchement (bassin, col, présentation) et permet de prévoir les conditions d'un déclenchement du travail.
En cours de travail, il permet de suivre la dilatation du col et d'évaluer la progression de la présentation du ftus.
Quelles sont les habitudes européennes ?
Le TV est pratiqué en France, en Italie, en Belgique, en Allemagne et au Luxembourg.
En Espagne et au Danemark, son utilisation n'est pas systématique.
Il n'est pas pratiqué au Royaume-Uni, en Irlande, aux Pays-Bas, en Grèce et au Portugal.
Etude française
Les auteurs de l'étude française et le Pr Maille ont analysé et apprécié l'intérêt du TV dans ses différentes indications. Selon eux, et au vu de nombreuses publications internationales concernant le sujet, on peut retenir ce qui suit.
Le TV est insuffisant pour le diagnostic de grossesse précoce et sa datation.
Il peut être utile pour le dépistage de pathologies gynécologiques associées.
Il n'existe pas de preuve de l'utilité de la pratique systématique du TV au sein d'une population à bas risque, pour réduire le risque d'accouchement prématuré.
Au sein d'une population symptomatique, l'échographie du col apporte un progrès par rapport au toucher vaginal dans l'identification des patientes à risque d'accoucher prématurément.
L'échographie du col n'est pas plus performante que le score de Bishop pour prédire le succès du déclenchement.
Bien que de précision limitée, le TV est la meilleure technique pour juger de l'effacement et de la dilatation du col et peut alors s'aider de l'échographie.
TV et rupture prématurée des membranes (RPDM) : Il n'y a pas de preuve réelle que les TV augmentent le risque de RPDM. En cas de RPDM, les TV doivent être limités au strict minimum.
En cas de placenta praevia, le TV doit être évité et peut être remplacé par l'écho vaginale.
Cela limite véritablement la pratique du TV lors de la consultation obstétricale et nécessite réellement une information médiatique des futures parturientes.
Salvador de Bahia. 4es Journées de la SOLAMER.
L'Amérique latine
La SOLAMER (Société latine de biologie et médecine de la reproduction) regroupe des médecins d'origine latine spécialisés dans ces disciplines. Elle a été créée en 1992, regroupe près de 500 membres issus de 23 pays différents. La préoccupation commune de ces hommes et femmes est la reproduction, y compris la contraception.
Lors des 4es Journées de cette société, réunissant ses représentants à Salvador de Bahia, le Pr Rodolphe Maheux (université de Laval, Canada) a été élu à la tête de cette association.
Le but de cette société est non seulement l'organisation de congrès tous les deux ans, mais aussi la création de bourses d'études, de stages, de formations et d'échanges afin de valoriser les recherches en médecine de la reproduction dans le monde latin, non pas, comme l'a dit le Dr J.-F. Velex de La Calle (France), dans un esprit « anti-anglo-saxons », mais en tenant compte des particularités liées justement aux mentalités latines.
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