« N’y allez-pas ! » lui a conseillé Martine Aubry, « C’est un métier impossible ». Le poste a été vacant plus de trois semaines, faute de candidats. Mais comment renoncer à devenir directeur général de la santé, se hisser en tête, alors que l’on s’est classé dernier à l’internat de Lille ? Certes, Benoît Vallet ne ressemble en rien à l’image du haut fonctionnaire qui rêve d’arpenter depuis toujours les longs couloirs de l’Avenue de Ségur. Chaleureux, ouvert, l’échange avec l’autre ne se résume pas à une perte de temps. Dans le parcours du nouveau DGS, les décisions importantes relèvent toutes du hasard, jamais de la nécessité ou du destin. Le sens de la carrière n’habite pas Benoît Vallet. Exemple, le choix du métier au moment de l'adolescence ne s’explique pas par la vocation. « C’est le film de Robert Altman, Mash, qui m’a donné l’envie de devenir médecin », explique-t-il. Avec ce film satirique où les exploits les plus commentés par les collègues n’appartiennent guère à la sphère professionnelle, palme d’or du festival de Cannes, on est loin de l’image d’Épinal du bon médecin samaritain. D’ailleurs, c’est d’abord pour se soigner lui-même que l’ancien président de la CME du Chu de Lille décide de passer le concours du PCEM. « J’avais une phobie du sang lorsque j’étais ado. Je me suis guéri de cette peur grâce à la médecine. » Mais une fois la chance saisie, il n’y a plus de place pour le dilettantisme. Benoît Vallet explore la médecine dans toutes ses dimensions. Dans un premier temps, c’est la clinique qui l’occupe, avec ses grandes victoires gagnées grâce aux seules armes de l’examen. « Je me souviens encore de ce patient étiqueté comme porteur d’un syndrome inflammatoire. Les médecins l’avaient exploré dans toutes les dimensions. On avait simplement négligé de regarder ses fesses. Il avait pourtant une énorme escarre. » Puis, grâce à une bourse d’études, le jeune interne en anesthésie-réanimation contracte le virus de la recherche. Et part aux États-Unis. Une nouvelle aventure commence. Il devient rapidement en français dans le texte un « key opinion leader » dans le domaine du sepsis. L’attractivité de l’Amérique ne sera pas toutefois assez forte pour retenir sur son sol le père de cinq enfants. À son retour, Benoît Vallet élargit encore le spectre d’activités. Il participe à la rédaction d’un traité en physiologie, se lance dans les questions d’épidémiologie… Et gravit un à un les échelons de la hiérarchie hospitalière jusqu’â être élu président de la CME du Chu de Lille. Les coopérations sanitaires n’ont alors plus de secrets pour lui. Cette ascension est toutefois stoppée par l’épreuve de la maladie en 2005. Aujourd’hui, le directeur général de la santé va très bien. Il assume simplement, selon la définition de Freud, non pas un mais « trois métiers impossibles », éduquer, guérir, gouverner. Est-ce vraiment si déraisonnable ?
Benoît Vallet
Le touche-à-tout
Publié le 30/12/2013
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Gilles Noussenbaum
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Source : Décision Santé: 294
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