Prévention de la migraine chronique

Le topiramate évalué dans l’étude TOP-CHROME

Publié le 06/06/2006
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DOUZE POUR CENT de la population souffrent de migraine soit 60 millions de personnes, en Europe. Cette affection très douloureuse et handicapante, classée à la 19e place sur l’échelle de l’OMS, a des retentissements très négatifs sur la qualité de vie des patients et sur les coûts de santé. Une affection qui est marquée par une évolution insidieuse. La plupart des patients ne consultent pas et se livrent à une automédication inappropriée et abusive de traitements non spécifiques et spécifiques, augmentant la fréquence des crises au fil des ans et aboutissant à la chronicisation de la migraine. La migraine chronique est définie lorsque le patient présente des accès quotidiens de migraine plus de quinze jours par mois. Mais, bien souvent, le patient déclare avoir des crises presque chaque jour. Par ailleurs, des travaux confirment que le risque de dommages et d’infarctus cérébraux est plus élevé chez les migraineux et qu’il augmente avec le passage à la chronicité de la migraine.

Réduire la fréquence et la durée des crises.

Autant de données favorables à la prescription d’un traitement prophylactique, a précisé le Dr Ferrari (université de Leiden, Pays-Bas) pour réduire la fréquence et la durée des crises, améliorer la qualité de vie, augmenter l’efficacité des traitements aigus de la crise et prévenir les dommages. Plus de 50 % des migraineux remplissent les critères nécessaires pour un traitement préventif. Or seulement 5 % en bénéficient.

C’est dans ce contexte qu’une étude multicentrique, en double aveugle contre placebo d’une durée de 16 semaines, a été menée pour évaluer l’efficacité du topiramate chez les sujets souffrant de migraine chronique. Le topiramate (Topamax), qui a été développé pour la prise en charge de l’épilepsie, a déjà montré son efficacité et sa bonne tolérance chez l’adulte dans la prévention des crises de migraine notamment dans le cadre de trois études randomisées, contrôlées, en double aveugle contre placebo, et portant sur plus de 1 500 patients.

Une qualité de vie améliorée.

L’étude TOP-CHROME a inclus 59 patients des deux sexes âgés de 18 à 65 ans ayant une longue histoire de migraine (plus d’un an) et souffrant de migraine chronique depuis plus de trois mois. Après une phase d’observation de quatre semaines, les patients répondant aux critères d’inclusion ont été placés par randomisation dans le groupe topiramate (n = 32) ou le groupe placebo (n = 27). La dose initiale de topiramate était de 25 mg/j. Pendant la période de titration progressive qui a duré douze semaines, la posologie de topiramate a été augmentée par paliers pour atteindre la dose cible de 100 mg/j en deux prises quotidiennes. La posologie pouvait être ajustée selon les besoins des patients, tout en restant incluse entre 50 et 200 mg/j. L’étude s’est poursuivie pendant quatre semaines avec une dose stable de topiramate ou de placebo pour chaque patient. La poursuite de la prise d’autres traitements de la migraine à l’exception des thérapies anticonvulsivantes était autorisée.

Qualité de vie et satisfaction.

Le critère d’évaluation primaire était défini comme la comparaison, entre les deux groupes, de la réduction du nombre de jours de migraine entre la phase initiale d’observation (quatre semaines) et la phase finale de stabilité thérapeutique (quatre semaines). L’efficacité du topiramate a été significativement démontrée puisque, chez les patients de ce groupe, le nombre de jours de migraine a diminué de 15,5 à 12 en moyenne (– 3,5), alors qu’il a légèrement augmenté dans le groupe placebo (+ 0,2). Les critères d’évaluation secondaire portaient sur le taux de réponse au traitement (défini comme une réduction d’au moins 50 % de la fréquence des migraines), la prise simultanée de traitements aigus, la qualité de vie et la satisfaction des patients. Ces critères ont été globalement et significativement meilleurs dans le groupe topiramate. La proportion de bons répondeurs était de 29 % dans le groupe topiramate contre 4 % chez les patients sous placebo. Le nombre de jours ayant nécessité la prise d’autres agents antimigraineux avait diminué dans le groupe topiramate, contrairement au groupe placebo. Un nombre moins important de patients sous topiramate a donc eu recours à ces médicaments de « secours » puisqu’ils n’étaient plus que de 28 % en fin d’étude contre 63 % à son début. Ces chiffres ont peu varié dans le groupe placebo (57 % contre 67 %). Evaluée avec le questionnaire MIDAS*, la qualité de la vie en relation avec la migraine s’est révélée meilleure dans le groupe topiramate par rapport au groupe placebo mais équivalente dans les deux groupes avec les questionnaires MSQ** et HIT-6***. Trente-sept pour cent des patients sous topiramate ont exprimé leur satisfaction (très bonne à bonne) contre 10 % de ceux du groupe placebo. Le taux de sortie de l’étude a été plus important dans le groupe placebo. Le topiramate a été globalement bien toléré, les effets secondaires rapportés par les patients étaient principalement des paresthésies, des vomissements, des vertiges et des nausées.

European Headache Federation, 8e Headache Congress Valence, Espagne. Conférence de presse organisée par Janssen-Cilag : « Take control of migraine : The promise of prevention ».
* MIDAS Migraine Disability Assesment Questionnaire.
** MSQ Migraine specific questionnaire.
*** HIT – 6 Headache Impact Test TOP – CHROME : TOPiramate in CHROnic MigrainE.

> Dr ISABELLE STROEBEL

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7973