Le tiers-payant, c’est le tiers-temps

Publié le 11/10/2013
Article réservé aux abonnés

66 consultations ! Record battu ! Et, en plus, je vais rentrer tout uste pour le début des « Spécialistes Rugby ». Une Blanche des Neiges frappée à la mousse fruitée, un décubitus vautré, couch potato, devant Canal Plus Sport, Trillo et le père Elissalde. La composition du XV de France et les commentaires acides de ces anciennes gloires sur les défauts de jeunesse des futures stars de l'Ovalie. 57 de 14 à 20h. Le taylorisme appliqué à l'exercice de la consultation. Bon, merci le tiers-payant. En fait le tiers-temps. 5 minutes par patient au lieu de 15 !

Consultation sans rendez-vous d'impatients qui viennent voir un médecin comme on regarderait l'heure. Juste pour voir s'ils ne sont pas en retard sur leur planning de cotisations.

« Mon nez coule, les Kleenex ne sont pas remboursés mais la prescription de Pivalone, oui ! J’y ai droit ! Sympa, les vrais malades qui, eux, ne sont pas en état d'attendre deux heures, au milieu des portables exhibitionnistes, des PSP sanglantes, du caquètement des SMS et des pleurs des bébés aux couches débordantes, repartent vers la Cour des Miracles des urgences hospitalières.

Malheureusement pour eux, entre la prescription semi-automatisée des rhinos tiers payées et l'interrogatoire/examen clinique, passionnant mais chronophage des vrais patients, mon comptable m'a expliqué la vie. Un vrai cauchemar.

Dr Arnaud Gruber, Colomiers (Haute-Garonne)

Source : lequotidiendumedecin.fr