« NOTRE ESSAI valide les résultats des études d'observation ayant déjà indiqué une diminution du cancer colo-rectal chez les femmes ménopausées sous THS », font observer les auteurs de l'article paru dans le « New England Journal of Medicine ». Mais, modèrent-ils, les données actuelles ne sont pas suffisantes pour faire recommander l'usage du THS en tant que traitement préventif de ce cancer.
Pour ce qui concerne notre pays, il ne faut pas oublier que l'étude WHI (Women's Health Initiative) est menée avec des estrogènes conjugués équins, qui ne sont pas utilisés en France, ce qui empêche une extrapolation directe des résultats.
Le protocole consiste en l'étude de 16 608 femmes ménopausées, âgées de 50 à 79 ans, ayant leur utérus, qui ont été assignées à un traitement par estrogènes (0,625 mg par jour), associés à de l'acétate de médroxyprogestérone (2,5 mg par jour), ou à un placebo. Elles ont été incluses entre 1993 et 1998 et suivies à intervalles de six mois pendant 5 ans.
43 cancers contre 72.
Cette analyse montre que l'on dénombre 43 cancers colo-rectaux invasifs dans le groupe sous hormones et 72 dans celui sous placebo, ce qui donne un risque relatif de 0,56 dans le premier groupe (p = 0,003).
Les résultats montrent aussi qu'il existe un plus grand nombre de cancers avec une extension ganglionnaire lymphatique dans le groupe sous hormonothérapie, comparativement à l'autre (p = 0,002). Et que les cancers se présentent à des stades plus évolués dans le premier groupe (maladie à extension régionale ou métastatique : 76,2 % versus 48,5 % ; p = 0,004), même si les descriptions et les grades histologiques sont similaires dans les deux groupes. Et, enfin, le nombre de femmes diagnostiquées à un stade métastatique est plus important.
Les raisons de ces différences ne sont pas claires. La différence a commencé à se manifester tôt, lors de la première année de suivi, ce qui suggère un effet hormonal sur les cancers établis. Il ne peut toutefois pas expliquer une cancérogenèse.
Dans l'étude WHI, les saignements vaginaux sont plus fréquents dans le groupe sous THS. Ce qui a pu masquer les saignements rectaux, signaux d'appel des cancers colo-rectaux, estiment les auteurs. Cette hypothèse est corroborée par le fait que les femmes du groupe hormonothérapie ayant eu des saignements vaginaux présentent des cancers avec un plus grand nombre de ganglions positifs que celles du même groupe n'ayant pas les mêmes antécédents.
Une attention particulière.
Cette idée plaide en faveur d'une attention particulière que l'on devrait porter au cancer colo-rectal chez les femmes sous THS.
Lors de la publication des résultats de l'étude WHI, la comparaison entre un traitement estroprogestatif et le placebo faisait apparaître davantage de risques que de bénéfices. Mais, déjà, une diminution du risque de cancer colo-rectal semblait se profiler. C'est ce qui a incité les investigateurs à analyser plus avant les cancers colo-rectaux qui se sont développés et les caractéristiques des patients.
« New England Journal of Medicine », 350 ; 30 : 991-1004.
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