Le thermalisme évolue et s’ancre depuis dix ans dans une recherche scientifique avec l’AFRETH (Association Française pour la Recherche Thermale). Le 13 novembre dernier l’association présentait à l`Académie de Médecine le bilan de ses 10 années de travaux.
Après les premières études en médecine thermale dont l’objectif était de démontrer le service médical rendu (SMR) par les cures, les recherches s’orientent désormais vers l’évaluation de nouveaux formats de cures et l’élargissement des domaines de compétences de la médecine thermale. Actuellement 13 études concernent le SMR, 13 les nouveaux formats de cure et/ou champs de compétences, d’autres se dédient au Service Médico-économique Rendu (SMER), à l’épidémiologie, la sécurité des produits thermaux ou des essais précliniques.
Les défis de la recherche en médecine thermale
Les études sont réalisées avec une méthodologie rigoureuse, même si le double aveugle n’est possible que pour comparer un élément à un autre, comme un produit thermal à un non thermal.
« Nous attendons beaucoup des progrès en méthodologie. On recourt aux essais randomisés toutes les fois où cela est possible, mais dans les pathologies ou les situations où l’étude contrôlée ne peut être envisagée, nous devons disposer d’autres modalités d’études », explique le Pr Christian-François Roques, président du Conseil scientifique de l’AFRETH. Ainsi certaines études passent par la constitution de grandes cohortes de curistes et non-curistes (deux grandes cohortes de près de 10 000 personnes actuellement) parmi lesquelles on construit des groupes comparables de patients pour une pathologie donnée grâce à des techniques statistiques. D’autres essais s’attachent à ce que le patient explicite sa préférence pour un traitement ou pour un autre, principe particulièrement bien adapté à une pathologie chronique où l’adhésion est essentielle.
Deuxième défi, l’évaluation sur le plan médico-économique, la cure thermale devant maintenant prouver son rapport coût/efficacité. Troisième point, il s’agit de situer la médecine thermale par rapport aux autres médecines dites traditionnelles comme l’acupuncture, l’homéopathie dont les problématiques de recherche sont similaires.
Un élargissement du domaine de compétences
La recherche porte aussi sur de nouveaux formats de cures plus courtes ou intervenant dans des champs étrangers jusqu’ici à la cure thermale, comme la prévention en particulier secondaire et tertiaire, l’éducation thérapeutique, la participation de la cure thermale aux soins de suite et de réadaptation après cancer (Etude PACThe). Enfin, un troisième groupe d’études est destiné à l’accompagnement du vieillissement, avec la prise en charge des aidants, la prévention du déclin cognitif, le dépistage de la fragilité et sur les activités physiques.
Ces nouvelles pistes devront aller de pair avec la communication entre médecins thermaux et médecins traitants. « La cure thermale est là pour aider les médecins traitants à prendre en charge les patients porteurs de pathologies chroniques. On manque encore d’un outil partagé pour assurer la fluidité des relations avec eux. Mais on ne pourra faire de la recherche thermale de qualité si on ne connaît pas parfaitement l’état clinique de nos patients curistes. Les médecins thermaux sont peu nombreux et essentiellement tournés vers les soins. Mais ils ont la responsabilité fondamentale du recueil des données nécessaires à la fois pour soigner au mieux leurs patients et mettre en place des études sur des bases
scientifiques pertinentes », conclut le Pr Roques.
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