Le vaccin contre le tétanos, d'une efficacité et d'une innocuité quasi parfaites, existe depuis plus de soixante ans et est obligatoire en France depuis 1952. Pourtant, même si le nombre de cas annuel reste faible, la maladie n'a toujours pas disparu.
Les données que publie le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » sont là pour le rappeler. La totalité des 55 cas survenus au cours des années 2001 et 2002 et ayant fait l'objet d'une déclaration obligatoire a été analysée. Pour les deux années, l'incidence de la maladie est restée faible, respectivement de 0,49 et de 0,44 par million d'habitants. Ces chiffres confirment la stabilité de la maladie observée depuis depuis la fin de l'année 1999, après une période de décroissance progressive (1993-1999). Le résultat est encourageant, mais témoigne d'une persistance de cas graves qui auraient pu être évités par une meilleure application de la politique vaccinale : vaccination systématique des adultes par l'anatoxine tétanique et rappels tous les dix ans. En cas de plaie, la vaccination et l'administration d'immunoglobulines spécifiques doivent être systématiques.
Six des quatre-vingt-seize départements métropolitains (Maine-et-Loire, Yonne, Côte-d'Or, Côtes-d'Armor, Dordogne, Tarn) ont eu un cas au cours d'une des deux années de surveillance. Huit ont eu 1 cas au moins signalé les deux années (Corrèze, Côte-d'Or, Finistère, Loire, Mayenne, Meurthe-et-Moselle, Yonne et Val-d'Oise). Quatre cas ont été déclarés dans les DOM (3 à La Réunion et 1 en Guadeloupe). La couverture vaccinale ne semble pas en cause : elle est de 98 % et plus chez les nourrissons pour les départements où ces données sont disponibles.
Les femmes moins bien protégées
Cependant, l'analyse met en évidence une protection des adultes insuffisante : la maladie affecte les tranches d'âge les plus élevées (87 % des personnes atteintes ont 70 ans et plus). Les femmes (78 % des cas) sont moins bien protégées que les hommes qui bénéficient de la revaccination effectuée lors du service militaire alors obligatoire. La maladie survient plutôt en période estivale (45 % pendant les mois d'été) et la porte d'entrée est fréquemment une blessure minime (73 %) occasionnée par des travaux de jardinage, par du matériel souillé ou par une chute (plaie souillée de terre). Les plaies chroniques ne sont pas à négliger (14 % des cas) : escarres, ulcères variqueux, dermatoses.
Le tétanos reste une maladie grave, entraînant une hospitalisation systématique en service de réanimation d'une durée moyenne de trente-huit jours. La mortalité est élevée, avec 20 % de patients décédés sur deux ans : 9 en 2002 et 2 en 2001, soit 11 cas au total. Des séquelles (difficultés à la marche, complications de décubitus) ont été signalées dans 7 cas, les 67 autres patients ayant évolué vers une guérison totale.
Enfin, la majorité des patients atteints n'avait pas reçu une vaccination complète.
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