CONGRES HEBDO
Il est tout à fait rare qu'un patient sorti de l'enfance et présentant une plaie à risque de tétanos arrive aux urgences avec une idée précise de son statut vaccinal. Encore moins nombreux sont ceux qui peuvent attester le bien-fondé de leur déclaration par un document médical formel.
Les médecins qui prennent en charge ces patients en sont donc réduits à appliquer un principe de précaution maximal qui induit, inévitablement, un excès de sérothérapie non dénuée de risques et d'un coût non négligeable.
Ph. Pamart et coll. ont cherché à savoir comment affiner cette prescription d'immunoglobulines. Ils ont donc comparé, par une étude prospective, le statut vaccinal déclaré par tout patient adulte arrivé aux urgences avec une plaie tétanigène et dans l'incapacité de produire un document médical fiable, au le résultat d'un test qualitatif immuno-chromatographique réalisé aux urgences, en l'occurrence le Tétanos Quick stick® (TQS). Cent quatre-vingt onze patients (âge moyen : 45 ans) ont été inclus dans cette étude sur une durée de six mois.
Si les investigateurs avaient dû se fonder sur leur déclaration (vaccination annoncée incorrecte, douteuse ou absente, ou encore absence de réponse), 97 patients auraient relevé d'un rappel vaccinal et d'une sérothérapie. Parmi eux, pourtant, 53 (55 %) présentaient en fait une immunisation antitétanique efficace attestée par le TQS et ont donc évité ces injections superflues.
Parmi les 94 patients restants, certains avec une vaccination correcte et à jour, 6 présentaient pourtant un TQS négatif et ont donc bénéficié d'un rappel vaccinal avec sérothérapie.
Simple, rapide et moins cher que la sérothérapie, le TQS a donc fait la preuve de son intérêt médical et économique à Cambrai.
Près de 1 000 euros d'économie
Même constat à Ploërmel, où l'équipe de V. Cogulet a mené une étude similaire sur 128 patients admis aux urgences pour plaie à risque tétanigène (sex-ratio H/F : 1,8). Les recommandations ministérielles actuelles auraient amené les investigateurs bretons, confrontés à la seule déclaration de leurs patients, à administrer une sérothérapie et un vaccin antitétanique à 111 d'entre eux. Or, grâce au TQS, seuls 31 patients ont reçu un vaccin et 44 un vaccin associé à une sérothérapie. Finalement, outre le bénéfice médical indirect lié à la diminution des risques d'utilisation de médicaments dérivés du sang, le test a permis une économie globale de 988 euros.
Enfin, l'équipe de L. Cabanne (CHU Pellegrin-Tripode, Bordeaux) a mené en 2001 une étude prospective sur 1 292 patients porteurs d'une plaie, formant un échantillon représentatif de la population. Ils ont été classés par tranches d'âge, catégories socioprofessionnelles et statut vaccinal annoncé.
Le principal enseignement de ce travail réside dans un chiffre : seuls 59 % des tests TQS® étaient positifs, témoignant de la mauvaise couverture vaccinale de la population étudiée, couverture d'autant moins satisfaisante que l'on avance dans les classes d'âge.
Encore 26 cas en 2001
Pour mémoire, le nombre de cas déclarés de tétanos était encore, en France, de 29 en 2000 et de 26 en 2001. Cette maladie affecte surtout les tranches d'âge les plus élevées de la population et principalement les femmes, moins bien protégées que les hommes chez lesquels un rappel était injecté lors du service militaire (tant que celui-ci était obligatoire). Rappelons que dans la majorité des cas, la porte d'entrée est une blessure minime souillée par de la terre ou des débris végétaux. Dans 14 % des cas, c'est une plaie chronique. Elle reste inconnue chez 13 % des malades.
D'après les communications de Ph. Pamart (centre hospitalier de Cambrai), V. Cogulet (centre hospitalier Alphonse-Guérin de Ploërmel) et L. Cabanne (CHU Pellegrin-Tripode de Bordeaux).
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