Le test ADN-HPV peut racourcir la durée du dépistage chez les femmes HPV-négatives

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Publié le 02/11/2018
dépistage cancer col

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Crédit photo : Phanie

Dans le cadre du dépistage du cancer du col de l'utérus, un résultat négatif au test de détection de l'ADN du papillomavirus réalisé à l'âge de 55 ans suffirait à considérer qu'une femme présente un risque suffisamment faible pour lui permettre de ne pas poursuivre le dépistage. En revanche, le recours à une cytologie classique (frottis vaginal) ne permet pas d'éliminer le risque de survenue d'un cancer avant l'âge de 70 ans.

Ces 2 conclusions proviennent d'une étude canadienne publiée dans le « Lancet Oncology », au cours de laquelle les chercheurs ont modélisé l'évolution du risque de cancer du col de l'utérus d'une population de 200 000 femmes au cours de leur vie.

L'équipe du Dr Talía Malagón, du département d'oncologie de l'université Mc Gill, s'est pour cela appuyée sur les données épidémiologiques de la santé publique au Canada. Selon leur modèle mathématique, une femme ni vaccinée ni dépistée présente un risque sur 45 de développer un cancer du col de l'utérus au cours de sa vie. Une adhérence parfaite au programme de dépistage par cytologie, entre 25 et 69 ans, diminue ce risque à 1 sur 532.

La place du dépistage HPV

Considérant l'adhérence parfaite au dépistage comme une situation exceptionnelle, les auteurs ont refait leurs estimations sur la base d'une participation « typique » au programme de dépistage de 80 %. Avec cette hypothèse, des femmes ayant un test HPV négatif à 55 ans ont un risque de cancer du col de l'utérus au cours du reste de leur vie de 1 sur 1940 contre 1 sur 440 chez celle qui ne sont « que » négatives à un test de dépistage par cytologie. Une femme qui participe au dépistage jusqu'à 70 ans et dont la cytologie est négative a quant à elle un risque de développer un cancer du col de l'utérus de 1 sur 1 206.

Ces résultats ne signifient pas que le dépistage doit nécessairement s'arrêter à 55 ans, préviennent les auteurs, mais, il doit être possible d'arrêter dès 55 ans le dépistage chez les femmes HPV-négatives dans les pays où la recherche de la présence du HPV fait partie de la stratégie de dépistage.

« Nous avons une longue expérience de l'utilisation du frottis vaginal pour détecter les lésions précancéreuses causées par les infections HPV, explique le Dr Talia Malagon, mais même si cette technique de dépistage réduit le nombre de femmes qui développeront un cancer, elle est loin d'être parfaite. Elle ne permet pas toujours de détecter les lésions précancéreuses qui évolueront effectivement en tumeurs malignes. » Selon les données avancées par les auteurs de l'étude, la cytologie seule permet de détecter environ 55 % des lésions précancéreuses de haut grade (CIN2) contre 96 % quand on combine cytologie et dépistage du HPV.

En France, le dépistage du cancer du col de l'utérus est recommandé tous les 3 ans entre 25 et 65 ans. Selon les recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS) « la recherche de papillomavirus humain (HPV) n’a pas lieu d’être, la HAS ayant considéré en 2010 que l’utilisation du test de détection des HPV en dépistage primaire en population générale n’était pas pertinente ».


Source : lequotidiendumedecin.fr