Pendant longtemps, un hôpital sans écran de télévision cathodique était d'un autre âge. Pourtant, pour beaucoup de patients, l'évasion se limitait au bouquet proposé par les chaînes hertziennes. Puis vint le réseau câblé, avec ses contenus variés. A l'heure de l'explosion des réseaux et des écrans LCD fonctionnant par convection, le terminal multimédia s'invite dans les structures de santé. A la faveur de la convergence de différentes technologies : celle de la voix, des données et des images. Où en sont les établissements dans l'usage de cette solution qui augmente la qualité de service rendue au patient ?
Le multimédia, un « plus » à Douai
Au Centre hospitalier de Douai, l'utilisation du terminal multimédia est désormais une réalité. 450 lits en sont équipés, offrant ainsi au patient une palette de services accessible à partir d'un écran tactile intégré dans sa chambre. Si cette solution propose une gamme complète de prestations, l'utilisateur a la possibilité de sélectionner celles qui lui plaisent. Principalement, les fonctions de téléphonie, de radio, de vidéo et d'Internet sont disponibles. Devenu un « plus » dans son bassin de vie, le terminal multimédia est utilisé au CH de Douai comme argument d'attraction. Pour la personne hospitalisée, un tel outil est synonyme de décloisonnement. Important quand on est appelé à passer plusieurs heures en ambulatoire, voire plusieurs jours au sein d'un établissement.
Applications métiers
Au coeur de l'infrastructure technique du centre hospitalier de Douai, le terminal multimédia permet également aux professionnels de santé d'accéder à une palette d'applications métiers. Toutefois, cette ouverture est subordonnée à l'interfaçage de ces outils avec le terminal. Ce qui n'est pas aisé, comme le démontre la politique d'intégration de ces systèmes par les établissements de soins, en général. Les premiers contenus ont accordé la part belle aux programmes de divertissements, les applications métiers arrivant poussivement dans cet environnement client d'un genre nouveau.
Le terminal multimédia est désormais déployé dans de nombreux établissements, indépendamment de leur taille. De même, il est disponible dans différentes zones géographiques de l'Hexagone. Dans la Drôme, le Centre hospitalier de Valence a cédé à ses charmes. Une centaine de terminaux a été déployée dans les chambres de ses patients. Après le service d'hospitalisation de courte durée, c'est au tour de la pédiatrie d'en bénéficier depuis octobre 2010. Chaque personne hospitalisée bénéficie de cette solution installée au pied de son lit.
Triple play
Elle lui permet d'accéder à l'offre Triple Play qui propose en même temps la téléphonie, Internet et la télévision, moyennant un abonnement de cinq euros au quotidien. Quant au règlement de cette prestation, le patient a deux possibilités : un paiement par carte de crédit à partir du terminal multimédia ou au bureau des entrées, voire à partir d'une borne interactive.
En complément du contenu de divertissement, le CH de Valence propose également un accès au dossier patient à partir de ces nouveaux terminaux. Muni de sa carte de professionnel de santé, le praticien a la possibilité de visualiser les données de ses patients, une session sécurisée par le dispositif Sign&Go du fournisseur Ilex.
Le déploiement des terminaux multimédias rime généralement avec l'accès tactile aux données. Là où les postes de travail classiques avaient introduit l'utilisation de la souris et du clic, ce composant tend à généraliser le toucher de l'écran. Une mutation loin d'être banale pour les applications du système d'information hospitalier (SIH). De fait, elles doivent être adaptée à cette logique. Au CH de Valence, les modules du progiciel Cristal-Net ont fait l'objet d'une adaptation à cette approche. C'est notamment le cas de l'outil de prescription de soins et de plan infirmier.
Progressivement, le parc de terminaux multimédia de cet établissement sera étoffé. Début 2011, 300 composants de ce type seront déployés dans les services de MCO (médecine, chirurgie, obstétrique) et en maternité. A terme, un peu plus de 500 de ces écrans y seront installés. Ils ont été retenus après consultation publique gagnée par le fournisseur Ineo Com.
Au Centre hospitalier d'Annecy, l'utilisation du terminal multimédia est désormais inscrite dans les moeurs. L'idée d'offrir au patient des services de divertissement (accès Internet, radio, télévision) et au professionnel de santé un espace d'accès aux données du patient a poussé la direction générale à déployer ces composants. Désormais, les praticiens ont la possibilité de partager avec leurs patients le contenu de leurs dossiers. Un dialogue peut ainsi s'instaurer au sein de ce colloque sachant que le médecin dispose de moyens de modifier au lit du patient les prescriptions déjà effectuées. Dans ce cas, ces dernières sont immédiatement expédiées à l'officine de l'hôpital qui préparera les molécules commandées.
Limitation des maladies nosocomiales
Autre argument, loin d'être anodin, qui vient justifier l'intégration de ces terminaux : l’abandon du poste mobile. En utilisant l'écran multimédia installé au pied du lit du patient, le praticien ne se déplace plus de salle en salle avec un poste mobile. Cela limite les risques de transmission microbienne et par voie de conséquence les maladies nosocomiales. En fait, conçu autour d’un écran LCD tactile, le terminal multimédia qui fonctionne par convection (sans ventilateur) peut être placé en milieu stérile. Il est entretenu avec des solvants de désinfection classiques utilisés au sein des établissements de soins.
Dans le Pas-de-Calais, le centre hospitalier d'Arras s'est illustré comme l'un des premiers acteurs en France à avoir déployé le terminal multimédia. Dans leurs chambres, les patients disposent d'un écran tactile ouvrant l'accès à des services multiples parmi lesquels les jeux et la télévision. La visualisation du dossier du patient est également au programme grâce à un transpondeur Rfid.
A Cambrai, le Centre hospitalier local a voulu améliorer l'accueil du patient dans son projet de reconstruction. Cela se traduit par le déploiement de nouvelles solutions technologiques parmi lesquelles des écrans tactiles proposant la téléphonie assortie du protocole SIP, ainsi que la vidéo, etc.
Les cliniques aussi
En région parisienne, de multiples structures de soins adoptent le terminal multimédia patient. Une partie des cliniques de la générale de Santé ( Geoffroy Saint-Hilaire, Marcel Sembat et Bachaumont ) a mis en place cette solution pour divertir le patient. Son ouverture aux applications métiers a été dès l'origine prévue dans le cahier des charges de ce projet confié initialement à Airmedis. Ce chantier a permis de déployer 300 terminaux de 15 pouces.Dans la même veine, l'hôpital suisse de Paris (Issy-les-Moulineaux), a inscrit un tel projet dans le schéma de modernisation de l'hôpital. Il a permis de déployer une batterie de terminaux offrant au patient l'accès à un bouquet de services fort apprécié. A ces différents exemples vient s'ajouter celui du projet de l'hôpital Sud Francilien. Dans son cahier des charges, il prévoit le déploiement de centaines de postes multimédias. Enfin, l'hôpital privé des peupliers de Paris a installé 163 terminaux tactiles pour les mêmes besoins que ses alter ego, à savoir la mise en place d'une offre de services de divertissement et l'ouverture d'un accès aux données du patient réservés aux praticiens.
Vidéo à la demande
Comment boucler ce panorama sans aborder l'expérience du CHU de Nancy qui a été l'une des premières structures à déployer une telle solution ? En partenariat avec Orange, l'établissement avait, dès 2007, entamé l'équipement de ses services. On parlait alors de chambre du futur. Dans une logique progressive, l'installation de cette solution avait démarré dans le service de chirurgie générale et des urgences en chirurgie thoracique. Outil convivial, le terminal multimédia propose au patient un accès à la vidéo à la demande, à sa messagerie et à Internet.
En passe de devenir un classique, l'offre de terminaux multimédias voit sa couverture fonctionnelle s'enrichir de plus en plus en intégrant des applications médicales, proposant ainsi un nouvel accès convergent à toutes les données cliniques et de divertissement à partir d'un support unique. Mais faut-il le rappeler, ouvrir les vannes du SIH impose des conditions de sécurité draconienne au patient et au professionnel de santé. Ce dernier reste le seul à détenir le sésame qui ouvre la porte du dossier patient dans cet environnement, en fonction de son profil et de ses droits.
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