Le protocole d'accord conventionnel, approuvé par la Csmf, le SML et Alliance mais refusé par MG-France et la FMF, ne divise pas seulement le monde médical. Depuis quelques jours, le pays entier a (re)découvert, à travers la future convention médicale, les enjeux profonds de la réforme de l'assurance-maladie, votée l'été dernier par l'UMP.
Remboursement, tarifs, dépassements, accès à la santé, nouveaux parcours de soins autour du médecin traitant, maîtrise des dépenses... : le compromis conventionnel prête le flanc aux critiques les plus vives, nourrit le scepticisme des médias et provoque surtout d'innombrables questions. Elles ne sont guère surprenantes, tant le nouveau dispositif mis en place se révèle complexe et variable, qu'il s'agisse de la trajectoire des patients mais surtout des tarifs pratiqués et de la couverture par le régime obligatoire (lire ci-dessous).
Comme un seul homme, la quasi-totalité des confédérations de salariés, la gauche et le monde mutualiste crient au loup, dénonçant l'instauration d'une médecine à deux vitesse, le recul de l'accès aux soins, mais aussi le pari financier risqué de l'assurance-maladie. Les économies programmées (près d'un milliard d'euros sur la seule année 2005) seront-elles à la hauteur ? Les engagements des médecins, dans le cadre de la maîtrise médicalisée, seront-ils tenus ? Alors que naissait la polémique, Xavier Bertrand a repris la main, dans un entretien avec « le Parisien » daté du 17 décembre. « L'Etat sera de toute façon très attentif à ce que le système marche bien. Il ne pourra y avoir de revalorisations dans un an si les économies ne sont pas au rendez-vous », a prévenu le secrétaire d'Etat à l'Assurance-Maladie. Pour Philippe Douste-Blazy, le texte comporte bel et bien des « engagements concrets » des médecins, notamment sur les « volumes de prescription ». Des objectifs qui sont déclinés région par région.
Equité.
Autre question posée, aux praticiens cette fois : l'accord est-il équilibré entre les généralistes et les spécialistes ? MG-France a ouvert ce débat à coup de formules ciselées : les généralistes « maîtrisent » alors que les spécialistes « encaissent », explique le syndicat catégoriel à qui veut l'entendre. Parce que cette argumentation pourrait trouver un écho chez les généralistes, les syndicats signataires, majoritaires, ont aussitôt répliqué. Pour la Csmf et le SML, il s'agit d'une « campagne erronée », l'enveloppe allouée aux honoraires étant « parfaitement équitable » entre généralistes et spécialistes . Et d'attaquer en retour le « syndicat des médecins référents » qui se lancerait, par amertume, dans une « désinformation outrancière ».
La rédaction de la convention proprement dite devrait être achevée cette semaine, avant la trêve des confiseurs. La polémique, elle, risque de durer.
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