LE QUOTIDIEN – Le colloque que vous avez organisé en 2008 semble avoir marqué un tournant dans la prise en charge et la prévention de la souffrance des soignants ?
Dr BRUNO GAUDEAU – En toute modestie, je dirai que ce colloque a permis une réelle prise de conscience et une parole libérée sur un sujet qui n’est plus tabou. Il est vrai que les faits divers dramatiques récents, fortement médiatisés, ont fortement renforcé cette prise de conscience.
Dr JEAN-PIERRE BELON – Plusieurs événements illustrent ce phénomène : un article de la « Revue du Praticien MG » (4 juin 2010) porte sur le burn-out des internes ; une réunion organisée par l’Ordre des Médecins a réuni à Lyon entre 400 et 500 confrères. On voit que l’inquiétude existe et qu’elle est partagée par tous les professionnels de santé.
Partant de ce constat vous avez décidé de passer à l’action ?
Dr B.G. – Le Groupe Pasteur Mutualité a une longue tradition d’entraide et de confraternité en direction de tous les professionnels de santé. Les colloques que nous organisons ont pour but de structurer nos actions, ce qui a été particulièrement vrai pour notre colloque de 2008. Depuis, nous nous sommes résolument engagés dans la prise en charge de la souffrance des soignants. Ainsi, nous sommes membres fondateurs de l’APSS (Association pour la Promotion des Soins aux Soignants) au côté de l’Ordre, de la FHF [fédération hospitalière de France], de la FHP [Fédération de l’hospitalisation privée]. Cette association va d’ailleurs faire le point sur les actions entreprises, au cours d’une prochaine réunion, le 26 juin.
Le Groupe Pasteur Mutualité soutient l’action de l’AAPML et la mise à disposition des soignants d’un numéro d’appel unique. Cette initiative de l’union régionale des médecins libéraux (URML) d’Île-de-France se développe rapidement chez les médecins, en Rhône-Alpes, en PACA : il est prévu de « couvrir » quelque 50 000 confrères, à la fin de l’année. Elle se prolonge aussi vers les autres professionnels de santé, avec, en particulier, la création d’un club Dentiste. Le Groupe soutient activement ces développements.
Dr J-.P.B. – Nous sommes également très attentifs à des projets allant dans le même sens : création à Besançon (Pr Carayan) d’une structure d’accueil et de soins pour les soignants confrontés à des problèmes d’addiction ; création à Poitiers d’une formation consacrée à l’aide des soignants en difficultés. Espérons que ces initiatives feront écoles. Le Groupe Pasteur Mutualité s’y emploiera.
Après la prise en charge, vous avez décidé de promouvoir la prévention ?
Dr B.G. – Tout à fait, en sachant que la multiplication des débats et l’information sur la souffrance des soignants servent déjà de prévention. Mais le Groupe Pasteur Mutualité envisage d’aller plus loin, avec la mise au point d’une Consultation de Prévention de l’Épuisement Professionnel, avec pour objectif d’apporter accompagnement et soins aux soignants en difficultés.
Pour être efficace, cette démarche doit être adaptée aux attentes de nos confrères : en tant que « patients », estiment-ils qu’ils pourraient avoir recours à une telle structure ? Préfèrent-ils avoir le libre choix ou préfèrent-ils un réseau de soins réunissant des professionnels spécialement formés ? Quels critères privilégient-ils, proximité, gratuité, confidentialité totale ?
En tant que « soignants », sont-ils prêts à s’engager dans des formations spécifiques et dans des actions de terrain ? Et, si oui, à quelles conditions ?
Toutes ces questions sont réunies dans l’enquête publiée dans ce numéro du « Quotidien du Médecin » (lire page 6). Nous espérons que de très nombreux confrères y répondront apportant ainsi une aide efficace aux confrères en difficulté.
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