APRÈS UNE ÈRE d'anarchie en matière de progression du revenu libéral des médecins, 2005 serait une année «de transition», si l'on en croit la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) du ministère de la Santé.
Dans le dernier numéro de la revue « Etudes et résultats » (1), se basant à la fois sur les données du Snir (Système national interrégimes, piloté par la Cnam) et sur les statistiques fiscales de la Direction générale des impôts (DGI), la Drees établit que cette année-là, les médecins (2) ont perçu un revenu libéral moyen (net de charges) de 82 100 euros, ce qui correspond à une hausse de près de 2 % en euros courants par rapport à 2004. Une fois l'inflation prise en compte (1,8 % sur la période), le ministère n'hésite pas à parler de «stagnation». L'année 2005, précise-t-il, marque «le retour à une évolution plus modérée des revenus» : en 2004, ceux-ci avaient globalement baissé de 2 %, tandis que les deux années précédentes ils avaient enregistré de fortes hausses (5 % en 2003 et 7 % en 2002) – l'effet des dépassements d'honoraires puis des revalorisations tarifaires.
Pour 2005, la Drees ne dispose que de chiffres provisoires. Ils lui permettent toutefois de constater une hausse des revenus plus importante pour les généralistes, les pédiatres, les stomatologues et les ophtalmologues que pour les pneumologues et les gynécologues (pour qui les données stagnent). En revanche, les autres disciplines font face à une baisse de leurs revenus moyens. Les statisticiens précisent que l'interprétation de ces résultats est difficile, plusieurs éléments encore mal connus entrant en ligne de compte en 2005 : montée en charge de la Ccam technique, entrée en application progressive à partir du 1er juillet de la réforme de l'assurance-maladie avec, en particulier, l'installation des parcours de soins.
Coup de projecteur sur les dépassements.
En 2004, année qui «ébauche» le retour à des rythmes de progression plus modérés, les comptes sont clos. Et la Dress constate des «évolutions très marquées» pour quatre spécialités : certaines ont vu leurs revenus chuter – c'est le cas des généralistes et des pédiatres (– 7 %) ; d'autres – psychiatres et ophtalmologues – les ont vus grimper (respectivement 5% et 4 %). De tels écarts de progression n'existent plus en 2005. Mis à part les dermatologues (dont les revenus baissent de 5 %), les autres spécialités enregistrent des évolutions comprises entre – 3 % et + 3 %.
La Drees profite de ce petit panorama des revenus pour jeter un coup d'oeil aux dépassements d'honoraires. Elle constate que, «en 2004, les dépassements ont poursuivi leur croissance à un rythme plus lent que les deux années précédentes pour la plupart des spécialités. Seuls ceux des omnipraticiens, des pédiatres et des stomatologues diminuent». Toutefois, les statisticiens remarquent que, très souvent, «la hausse observée des dépassements fait à peine progresser leur part dans les honoraires totaux». Ces dépassement ont eu, affirment-ils, «un faible impact» sur les revenus des anesthésistes, des dermatologues, des gastro-entérologues, des gynécologues, des ORL, des psychiatres et des rhumatologues. Les chirurgiens, eux, en ont fait un autre usage puisque, «plus que tout autre facteur», leurs dépassements ont «fortement contribué» à la progression de leurs revenus en 2004. En 2005, à ce chapitre aussi, il y aurait eu un renversement de tendance : les dépassements n'augmentent nettement que pour trois spécialités (radiologues, stomatologues et anesthésistes) ; ils croissent faiblement pour les ophtalmologues et les pédiatres ; ils régressent pour toutes les autres spécialités. La chute est même «forte», note la Dress, du côté des généralistes, des dermatologues, des ORL, des rhumatologues, des chirurgiens et des psychiatres. «Pour toutes les disciplines, à l'exception des anesthésistes, la part des dépassements dans les honoraires totaux redescend à son niveau de 2003», souligne le ministère.
(1) Nadine Legendre, « Les revenus libéraux des médecins en 2004 et 2005 », mars 2007.
(2) L'étude concerne les omnipraticiens et quatorze catégories de spécialistes. Elle prend en compte l'activité libérale quelle que soit sa durée, ce qui signifie que les revenus afférents – parfois d'appoint – de médecins qui par ailleurs ont une activité salariée apparaissent dans les statistiques.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature