Une enquête sur la ménopause

Le temps de la réévaluation du THS est venu

Publié le 15/10/2007
Article réservé aux abonnés

CHAQUE ANNEE, le 18 octobre, la ménopause a sa Journée mondiale. Une occasion pour les experts de l'IMS de rappeler aux autorités de santé de tous pays ses récentes recommandations et de plaider pour une réhabilitation du THS. Un traitement voué aux gémonies, à grand renfort de battage médiatique lors de la publication en 2002 de l'étude nord-américaine WHI (Women Health Intervention). Ses résultats ont été trop rapidement extrapolés à l'ensemble de la population des femmes ménopausées. Tout comme ceux de la très controversée étude observationnelle britannique Million Women Study. Résultat : aux Etats-Unis, la prescription du THS a chuté de moitié, d'où, selon les experts de l'IMS, un impact défavorable sur la qualité de vie et sur la fréquence du dépistage mammographique (notamment au Royaume-Uni).

Dans un éditorial de « Climateric » 2007, ces experts, déplorant cette désaffection pour le THS, soulignent son intérêt dans les années qui suivent l'installation de la ménopause pour des femmes de moins de 60 ans en bonne santé, en tenant compte des facteurs de risque, notamment vasculaires et de cancer du sein. Ses indications sont les troubles du climatère, vasomoteurs et génito-urinaires, ainsi que la prévention de l'ostéoporose. Ils rappellent que d'autres données de la WHI publiées ultérieurement, tenant compte notamment de l'âge des femmes et du nombre d'années de ménopause tempérant les premiers résultats, n'ont pas été suffisamment entendues.

Ils le prescrivent volontiers à leurs proches.

Pourtant, une enquête menée par l'IMS auprès de médecins généralistes et gynécologues de six pays (Royaume-Uni, France, Allemagne, Suède et Etats-Unis) montre que les trois quarts des interrogés estiment injustifiées les campagnes médiatiques et que les bénéfices du THS dépassent largement ses risques : la majorité (90 %) le prescrit volontiers à ses proches s'il est approprié. Tous les praticiens disent le THS efficace sur le soulagement des symptômes du climatère (premier motif de prescription), lesquels, selon quatre praticiens sur cinq, ont un retentissement important sur la qualité de vie, sexuelle, professionnelle et familiale. A noter, par ailleurs, qu'actuellement la France occupe une place à part, avec la fréquence de l'estrogénothérapie per- et transcutanée et l'utilisation de progestérone micronisée.

L'estrogénothérapie locale a la faveur de 86 % des praticiens pour le traitement de la vaginite atrophique.

A propos des recommandations récentes concernant un THS à doses minimales efficaces d'estrogènes et de progestatifs, quatre médecins sur cinq se disent au courant ; au Royaume-Uni, ils ne sont que 49 %. Le THS doit être envisagé pour une courte période en postménopause.

Le Pr Birkhaüser (Suisse) estime que tous ces résultats ont beaucoup surpris. Cependant, lui-même n'en doutait pas. La vérité sur les données réelles du THS n'aurait finalement pas échappé aux praticiens.

Reste que l'impact du type de THS (nature des estrogènes, des progestatifs et voies d'administration) doit être plus précisément évalué. En outre, la recherche continue sur des traitements alternatifs. Deux essais en cours cernent le THS précoce des années qui suivent la ménopause.

Zurich. Conférence de presse internationale organisée par IMS, avec les Prs Amos Pines, D. Sturdee, M.H. Birkhäuser et L. Woodward (infirmière spécialiste de la ménopause).
www.imsociety.org.

La Journée de la ménopause

La Journée mondiale de la ménopause est organisée chaque 18 octobre par l'International Menopause Society (IMS) en collaboration avec l'OMS. Elle a pour but d'informer les femmes sur cette étape de la vie et de faire pression sur les gouvernements pour qu'ils soutiennent activement l'éducation et les recherches dans ce domaine. En 2030, selon l'IMS, 1,2 milliard de femmes auront 50 ans ou plus, avec l'espoir de vivre plusieurs décennies.

> Dr JANINE DEFRANCE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8237