LE DIABETE touche actuellement 200 millions de personnes au niveau mondial, et sa prévalence est en constante augmentation. Devant cette situation préoccupante, des solutions sont activement recherchées pour la prévention des complications, notamment rénales et vasculaires, qui grèvent lourdement le cours de la maladie. Les résultats de l'étude Detail (Diabetics Exposed to Telmisartan and EnalaprIL) sont importants à cet égard, montrant que l'utilisation du telmisartan ralentit la progression de la néphropathie chez des patients souffrant de diabète de type 2 et hypertendus.
« Le produit devrait être utilisé en première intention chez tous les diabétiques de type 2, hypertendus ayant une atteinte rénale avec protéinurie », souligne pour « le Quotidien » le principal investigateur, le Pr Anthony Barnett (Birmingham, Royaume-Uni). Si les deux produits ont donné des résultats positifs, il existe une supériorité du telmisartan (Micardis, Boehringer Ingelheim) sur la stabilisation de la fonction rénale et sur la tolérance, fait remarquer M. Barnett.
Débit de filtration glomérulaire et mortalité.
L'étude Detail est la première étude de comparaison à long terme d'un Aaii et d'un IEC, chez des patients hypertendus diabétiques atteints de néphropathie débutante. C'est aussi une étude s'appuyant sur de « solides critères primaires d'évaluation, explique le Pr Anthony Barnett, constitués par le débit de filtration glomérulaire (DFG) et la mortalité après cinq ans. » Ce qui fait apparaître deux ordres de résultats importants.
D'abord les deux produits entraînent une protection rénale, avec une stabilisation de la fonction rénale, sans différences significative entre eux. Ainsi, au bout de cinq ans, le différentiel des DFG (telmisartan moins énalapril, l'un des critères de calcul prévus par l'étude) est de - 3 ml/min/1,73m2 (IC de - 7,6 à + 1,6). « Le telmisartan est comparable à l'énalapril, c'est-à-dire qu'il a réussi le test de non-infériorité, car l'intervalle de confiance à 95 % est inférieur à - 10ml/min/1,73 m2) », écrivent les auteurs de Detail.
« Il n'y a eu chez les patients traités ni apparition d'insuffisance rénale, ni de mise sous dialyse, alors que l'on s'attendait que de tels événements touchent un quart d'entre eux », précise pour sa part le Pr Barnett.
Ensuite, la mortalité observée a été faible : 6 décès par groupe (environ 5 %), dont la moitié pour cause cardio-vasculaire. « C'est remarquablement bas pour un groupe à très haut risque de mortalité cardio-vasculaire. Les décès sont dans le rapport 1 pour 20 et l'on se serait attendus à 1 pour 3, explique le Pr Barnett. La moitié des patients inclus avaient des signes d'atteinte cardio-vasculaire. »
Un effet protecteur vasculaire.
Ces résultats suggèrent que les traitements exercent un effet protecteur vasculaire non seulement au niveau rénal, mais aussi coronaire et cérébral. On peut donc considérer que « ces agents sont rénoprotecteurs chez tous les hypertendus », poursuit M. Barnett.
L'étude Detail a inclus 250 patients hypertendus diabétiques de type 2, atteints de néphropathie débutante. Ils ont été randomisés et traités par une dose quotidienne de 80 mg de telmisartan ou de 20 mg d'énalapril. Les critères d'inclusion exigeaient que les patients soient tolérants aux IEC. Ainsi il n'y eut pas de différence d'effets indésirables dans les deux groupes. Mais deux études antérieures comparant les mêmes produits avaient montré chez des patients non sélectionnés une meilleure tolérance du telmisartan.
L'étude est publiée dans le « New England Journal of Medicine », 4 novembre 2004, 1952-1961, et commentaires, pp. 1934-1935.
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