«DE MÊME que le défibrillateur automatique sauve des vies, il existe des gestes urgents indispensables au plan psychologique pour sauver aussi des vies.» La métaphore du Pr Jean-François Mattei, président de la Croix-Rouge française, s'applique au service d'écoute téléphonique créé en juin 1986, il y a vingt ans, dans le sillage du Numéro Vert SOS-Parents-Enfants. Depuis, 440 000 appels ont été reçus par 250 écoutants bénévoles spécialement formés. Des appels qui représentent 10 000 heures d'écoute, pour une durée moyenne de 20 minutes. En deux décennies, ce sont 100 000 personnes dites en souffrance qui ont composé le numéro de Croix-Rouge Écoute. Cinquante-huit pour cent d'entre elles sont des femmes, sans doute parce qu'elles ont une plus grande facilité à parler, estiment les responsables du service. Au cours des premières années, les moins de 18 ans représentaient plus de 42 % des appels. Des jeunes qui voulaient parler de leurs difficultés relationnelles, scolaires, sentimentales ou sexuelles. Aujourd'hui, ils ne forment plus que 1 % des appelants. Sans doute les jeunes se protègent-ils derrière leur écran, dans un monde virtuel (TV, jeux vidéo, Internet, téléphone portable avec SMS), avance-t-on à la Croix-Rouge. Car, pour eux comme pour toutes les tranches d'âge, les appelants constatent qu' «il y a beaucoup plus de cas de solitude, de dépression, d'angoisse, mais aussi de multiples cas psychiatriques». Cette émergence des personnes soignées pour dépression ou divers troubles psychiques, avec des phases de montée d'angoisse, se retrouve dans d'autres services, comme au SAMU social. Croix-Rouge Écoute éviterait les passages à l'acte dans tous les publics, jusque parmi les personnes incarcérées, grâce au soutien psychologique humanitaire. Un secourisme de l'âme qui ne serait pas un phénomène de mode, mais une mission durable. Et une mission qui poursuit son essor : de deux plateaux aujourd'hui (Paris et Limoges), Croix-Rouge Écoute ambitionne de passer à huit centres dans les cinq prochaines années.
0.800.858.858 et 01.44.43.13.46 (pour les candidats au volontariat).
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