En ces temps où praticiens et complémentaires ont tendance à se regarder en chiens de faïence (par exemple sur la question du tiers payant), il est un sujet qui peut parfois fédérer : le téléconseil médical.
« MédecinDirect » utilise déjà les services de 22 praticiens pour proposer au public des avis médicaux sur internet ou par téléphone. L’objectif affiché ? Eviter des consultations inutiles (et désengorger certains cabinets surchargés), mieux préparer la visite chez un confrère ou simplement informer/rassurer le patient.
Les complémentaires santé entrent en jeu en tant que partenaires directs : d’après François Lescure, président de MédecinDirect, contacté par « Le Quotidien », sa société réalise les trois quarts de son chiffre d’affaires par leur intermédiaire (une quinzaine d’assureurs grâce auxquels 500 000 personnes auraient accès à ses services, précise le dirigeant).
Entre 1 et 4 euros par personne facturés aux complémentaires
MédecinDirect facture ses services aux complémentaires « à la capitation » : entre 1 et 4 euros par personne abonnée et par an, en fonction du taux de recours escompté. Ce partenariat commence à payer : François Lescure déclare que son chiffre d’affaires (500 000 euros en 2014) a été multiplié par deux en deux ans, et qu’il espère un nouveau doublement dans le courant de 2015.
Impossible de savoir si des économies sont réalisées par les complémentaires grâce à MédecinDirect : connaître le montant précis des dépenses évitées avec le téléconseil médical supposerait de mener une étude complexe. Mais l’entreprise a réalisé une étude interne : les médecins qui répondent aux patients considèrent qu’ils réussissent à traiter le problème dans 60 % des cas.
Secteur en voie de développement
Chez Aggema, courtier par lequel environ 15 000 personnes peuvent accéder à MédecinDirect, on reconnaît que la perspective d’éviter d’avoir à payer des consultations est la raison principale d’adhésion au service de téléconseil médical (avec la prévention et la possibilité d’avoir un deuxième avis médical). Autrement dit, un tel service peut être un bon produit d’appel pour les complémentaires santé dans leurs contrats. Même si, un an après leur affiliation, « le taux d’utilisation par les adhérents est très faible », précise Jean-Jacques Geoffroy, gérant d’Aggema, contacté par « Le Quotidien ».
Même son de cloche du côté de FranceMédecin.fr, entreprise basée dans l’Isère, qui développe une activité similaire à celle de MédecinDirect. D’après Christian Azzopardi, son directeur général, « cela reste un service en voie de développement ».
Quoi qu’il en soit, le téléconseil médical offre sur le papier des perspectives de collaboration entre praticiens et complémentaires. Mais il pose aussi de nombreux problèmes éthiques et pratiques, qui pourraient soulever d’autres controverses.
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