« Actuellement, les agences de santé ne recommandent pas la vitamine D pour la prévention du cancer colorectal », rappelle Marjorie McCullough, épidémiologiste à l'American Cancer Society (Atlanta, États-Unis) et co-signataire principale de l'étude publiée dans la revue du National Cancer Institute.
« Cette étude suggère que les taux sanguins de vitamine D recommandés pour la santé osseuse pourraient être inférieurs à ce qui serait optimal pour la prévention du cancer colorectal. Ces nouvelles données pourront être prises en compte par les agences chargées d'émettre les futures recommandations », précise-t-elle.
Des études expérimentales suggèrent que la vitamine D pourrait diminuer le risque de cancer colorectal via des effets anti-prolifératifs, pro-apoptotiques et anti-angiogéniques. Le récepteur de la vitamine D (VDR), présent dans de nombreux tissus y compris le côlon, influence l'expression de 3 à 5 % du génome humain, dont de nombreux gènes participant à la régulation du cycle cellulaire et du système immunitaire. Les études prospectives et les études randomisées n'ont toutefois pas apporté à ce jour la preuve définitive d'un rôle protecteur.
Risque accru de 30 %
« Pour surmonter les disparités des précédentes études sur la vitamine D et examiner les associations dans les sous-groupes de population, nous avons analysé les données des participants, recueillies avant le diagnostic de cancer colorectal, dans 17 cohortes prospectives et nous avons utilisé les mêmes critères standardisés pour toutes les études », explique le Dr Stephanie Smith-Warner, épidémiologiste à l'École de santé publique de Harvard (Boston, États-Unis), autre co-signataire principale de l'étude.
L'équipe internationale a regroupé les données des 17 cohortes, portant sur 5 700 patients atteints d'un cancer colorectal (cas) et 7 100 témoins venant des États-Unis, d'Europe et Asie.
Comparées aux personnes dont les taux de vitamine D sont considérés suffisants pour la santé osseuse (taux sanguin de 25-hydroxyvitamine D compris entre 50 a 62,5 mol/L), les personnes déficitaires en vitamine D (inférieur à 30 nmol/L) ont un risque significativement accru de cancer colorectal (31 % plus élevé).
De même, au-dessus du niveau suffisant pour la santé osseuse, les personnes ont un risque significativement plus faible de cancer colorectal : avec un risque réduit de 19 % pour un taux compris entre 75 à 87,5 nmol/L, et un risque réduit de 27 % pour un taux compris entre 87,5 et 100 nmol/L. Au-delà, le risque ne baisse pas davantage.
Ces associations persistent après ajustement pour les facteurs de risque connus du cancer colorectal (BMI, activité physique, et autres). Les associations protectrices sont observées dans tous les sous-groupes ; cependant l'association est plus forte chez les femmes que chez les hommes pour des taux de vitamine D supérieurs aux niveaux considérés suffisants pour la santé osseuse. « Cette recherche renforce les preuves, précédemment considérées peu concluantes, en faveur d'une relation causale », concluent les chercheurs.
Mesures de prévention
Le risque d'avoir un cancer colorectal dans sa vie n'est pas négligeable : 1 sur 24 pour les femmes (4,2 %) et 1 sur 22 pour les hommes (4,5 %). Les mesures pour réduire ce risque sont donc importantes. « Les personnes susceptibles d'être déficientes en vitamine D comprennent celles qui ne sont jamais exposées au soleil, vivent dans les climats nordiques, ont la peau foncée, et ne consomment pas d'aliments enrichis en vitamine D », précise au « Quotidien » le Dr McCullough. Il est important de noter qu'il existe d'autres moyens d'abaisser le risque de cancer colorectal : maintenir un poids normal ; être physiquement actif ; consommer une alimentation saine, pauvre en viande rouge et en viande transformée, et riche en légumes ; limiter l'alcool et ne pas fumer. Et surtout, bien suivre les recommandations de dépistage du cancer colorectal. »
Journal of National Cancer Institute, Marjorie McCullough et coll.)
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