Si la composition des repas influe de façon notable sur le profil lipidique, le nombre des prises alimentaires pourrait lui aussi jouer un rôle.
Jusqu'à présent, seules des études sur un petit nombre de sujets avaient été conduites dans le but de préciser cette donnée et elles avaient été généralement mises en place dans des conditions très particulières (hospitalisation de courte durée, exercice physique réduit et prise de repas standardisée).
L'équipe de Silvia Titan (Cambridge) a mis en uvre une étude originale sur une population de 14 666 sujets (6 890 hommes et 7 776 femmes) âgés de 45 à 75 ans choisis dans un registre de population (cohorte de Norfolk). Un questionnaire détaillant les habitudes alimentaires - nombre de repas, de goûters, de casse-croûte... par jour et aliments consommés - a permis de classer l'ensemble des sujets en cinq catégories : ceux qui ne mangent que, de une à deux fois par jour, ceux qui prennent 3, 4, 5 ou 6 repas et plus. En outre, des notions sur le tabagisme, le degré d'exercice physique, la profession, la taille, le poids, le rapport taille sur hanche ont été notés dans les dossiers.
L'analyse des habitudes alimentaires
Chez l'ensemble des sujets, une mesure du profil lipidique (cholestérol total, HDL cholestérol et HDL cholestérol par calcul) ont été effectués de façon systématique chez des sujets non à jeun. La particularité de cette étude est qu'elle est basée sur l'analyse des habitudes alimentaires d'une population dans des conditions de vie habituelles, ce qui n'était pas le cas des autres essais cliniques ayant trait à ce sujet.
Les concentrations moyennes de cholestérol total et de LDL cholestérol diminuent de façon proportionnelle au nombre des repas autant chez les hommes que chez les femmes. Aucune relation entre le nombre des repas et le HDL cholestérol, l'IMC, le rapport taille/hanche, la pression artérielle n'a été notée. « Si on compare les taux sanguins de cholestérol et de LDL cholestérol des 353 hommes et 362 femmes qui ne mangent qu'une ou deux fois par jour par rapport aux 625 hommes et 844 femmes qui mangent 6 fois par jour, ces valeurs sont respectivement inférieures de 0,29 mmol/l et 0,26 mmol/l dans le deuxième groupe. Après ajustement pour des variables telles que le sexe, l'âge, la taille, le rapport tour de taille sur tour de hanche, ces valeurs passent à 0,22 et 0,17 mmol/l », expliquent les auteurs. Pourtant l'analyse nutritionnelle montre que l'apport calorique total, ainsi que la quantité de lipides, de glucides et de protéines sont plus élevés chez les sujets consommant le plus de repas.
Un certain nombre de biais
Les résultats de cette étude doivent être néanmoins relativisés en raison d'un certain nombre de biais inhérents au protocole : mesure unique du profil lipidique qui n'est pas faite à jeun ; population choisie dont le taux lipidique est en moyenne moins élevé que celui de la population britannique (6,1 mmol/l en moyenne, contre 6,4 à 6,8 mmol/l) et moyenne d'âge relativement haute de la cohorte choisie.
Néanmoins, une baisse du cholestérol de 5 % (comme celle notée entre les sujets mangeant de 1 à 2 fois par jour, par rapport à ceux prenant plus de 6 repas) pourrait permettre de réduire la mortalité d'origine cardio-vasculaire de 10 à 21 % selon les études. On peut toutefois s'interroger sur l'observance à moyen terme d'une régime à 6 repas et plus chez des sujets de plus de 45 ans qui sont habitués à ne se nourrir qu'une à deux fois par jour.
« British Medical Journal », vol. 323, pp. 1286-1288, 1er décembre 2001.
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