LES ETUDES sur les traitements conservateurs du cancer du sein se multiplient. Elles ont montré que l'irradiation postopératoire diminue le taux de récurrence homolatérale, mais n'offrent pas de bénéfices sur la survie.
On sait que le tamoxifène avec ou sans radiothérapie diminue le risque de récurrence. Le prix à payer de la radiothérapie est important sur la morbidité et la qualité de vie, surtout chez les sujets âgés. Au-delà de l'âge de 70 ans, peut-on envisager un traitement par le tamoxifène à la place de l'association tamoxifène-radiothérapie ?
L'étude menée pour répondre à cette question a fait inclure 636 femmes de cette tranche d'âge ayant un cancer du sein de stade 1 (T1N0M0), récepteur positif et traité par une exérèse tumorale locale.
On a choisi des femmes de plus de 70 ans parce qu'elles ont, comparativement à des femmes plus jeunes, un taux moindre de récurrence homolatérale et que le risque court sur une période réduite. Le cancer est moins agressif et plus souvent silencieux.
On peut supposer que le risque de récurrence qui diminue avec l'âge est un effet susceptible d'être amplifié par le tamoxifène.
Les femmes du groupe ont été assignées à recevoir le tamoxifène et la radiothérapie (n = 317) ou le tamoxifène seul (n = 319). La seule différence significative entre les deux groupes réside dans le taux de récurrence locale ou régionale à cinq ans : 1 % dans le groupe tamoxifène plus irradiation et 4 % dans celui sous tamoxifène seul (p < 0,001). Ce qui donne une diminution absolue de 3 %, dont toutefois la signification clinique « doit être considérée de manière circonspecte ».
A côté de cela, il n'y a pas de différence significative pour ce qui concerne le taux de mastectomie pour récurrence locale, les métastases à distance ou la survie totale à cinq ans (87 % dans le groupe tamoxifène plus irradiation et 86 % dans le groupe tamoxifène seul, p = 0,94).
Résultats cosmétiques et effets secondaires.
Les évaluations par les médecins et les patientes, les résultats cosmétiques et les effets secondaires sont unanimement cotés plus mal dans le groupe tamoxifène plus irradiation.
« Nos résultats confirment les observations antérieures selon lesquelles la radiothérapie améliore significativement le contrôle local, mais pas la survie totale », notent Hughes et coll.
Le tamoxifène seul constitue un choix raisonnable pour un traitement chez ces femmes, étant donné que l'association à la radiothérapie n'a pas eu d'effet sur le taux de mastectomies, la survie ou la durée de l'intervalle libre entre la première atteinte cancéreuse et la survenue des métastases.
Les patientes et leurs médecins devraient peser la légère augmentation du risque de récurrences locales et les effets secondaires de la radiothérapie, en incluant le coût.
« New England Journal of Medicine », 351 ; 10, pp. 971-866.
La radiothérapie en plus après 50 ans
Ici, 769 femmes ont été assignées à recevoir soit une radiothérapie plus du tamoxifène, soit du tamoxifène seul, puis ont été suivies pendant 5,6 ans.
Dans le premier groupe, on note une diminution significative du risque de récurrence locale (0,6 % dans ce groupe, contre 7,7 % dans le groupe tamoxifène) ainsi que celui de récurrence axillaire à 5 ans (0,5 % et 2,5 %). En revanche, on n'observe pas de différence significative dans les taux de rechute lointaine ou de survie totale.
Une analyse dans un sous-groupe de 611 femmes ayant des récepteurs aux estrogènes positifs montre aussi l'utilité de la radiothérapie, avec un taux de rechute locale à cinq ans de 0,4 % contre 5,9 %.
« New England Journal of Medicine », Anthony Fyles et coll. 35 ; 10, 2 septembre 2004, pp. 963-970.
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