LE TABAGISME passif peut freiner la vitesse de cicatrisation des plaies, notamment en interférant avec la migration des fibroblastes. Manuela Martins Green et coll. (Riverside, Californie) sont parvenus à ce constat à partir à la fois d'études in vitro et chez la souris. Leur travail, paru dans « BMC Cell Biology », pourrait expliquer un fait clinique déjà suspecté chez l'humain.
En ce qui concerne le travail in vitro, les chercheurs ont exposé une culture cellulaire à la fumée de l'extrémité incandescente d'une cigarette. C'est-à-dire celle contenant la majeure partie des composants de la fumée inhalée par le fumeur passif. Ils ont ensuite dilué ce milieu jusqu'à ce que la concentration en éléments de la fumée atteigne celle rencontrée dans les tissus de fumeurs passifs. Cette solution a ensuite été mise au contact d'une culture de fibroblastes. Les cellules se sont alors allongées et ont perdu leur cohésion. Le cytosquelette était altéré, notamment par une augmentation du taux intracellulaire d'actine. Point important, les chercheurs ont également relevé davantage de points d'adhérence à la boîte de Pétri (plaques d'adhésion focales). Une autre expérimentation a montré que ces mêmes fibroblastes avaient perdu une partie de leur mobilité.
La migration des fibroblastes.
Avant d'aborder les travaux menés sur le vivant, il convient de se souvenir que, en cas de plaie, les fibroblastes migrent vers la zone lésée. Ils y sécrètent des facteurs de croissance, des cytokines et des composants de la matrice extracellulaire. Des fibroblastes incapables de migrer restent concentrés sur les berges de la plaie. La cicatrisation en est retardée. De plus, les dépôts excessifs de composants de la matrice extracellulaire en ce lieu inapproprié favorisent la survenue de cicatrices anormales.
Des souris ont donc été soumises, dans des chambres, à de la fumée. Au bout de six mois de ce traitement, une plaie calibrée de 5 mm de diamètre a été réalisée. Une semaine plus tard, 95 % des souris témoins avaient cicatrisé, contre 85 % des « fumeuses passives ».
Une approche d'explication pourrait résider dans la présence, dans la fumée de cigarette, de substances toxiques en quantité double de celle de la fumée inhalée. Notamment de la nicotine, du monoxyde d'azote, du goudron ou du monoxyde de carbone.
« BMC Cell Biology » 2004, 12 , 5 avril 2004.
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