«CE QUE DIT le nez est faux, ce n’est pas parce qu’il n’y a pas d’odeur que l’air ambiant ne contient plus de produits toxiques», explique le Pr Yves Martinet (CHU de Nancy), président du Comité national de lutte contre le tabagisme. Et à quantité de fumée équivalente, la fumée passive est deux à cinq fois plus toxique que la fumée aspirée par le fumeur. Le fumeur passif absorbe deux courants de fumée : celui issu du bout incandescent de la cigarette et celui qui est exhalé par le fumeur. La fumée sortant du bout de la cigarette contient de plus fortes concentrations de nitrosamines, cancérigènes partiellement bloqués par le filtre.
Depuis quelques années, les preuves d’un risque cardio-vasculaire lié au tabagisme passif sont devenues précises. «Il est montré qu’une exposition d’une heure peut être dangereuse pour la santé d’un sujet», indique le Pr Daniel Thomas (président de la Fédération française de cardiologie). Le lien entre maladies cardio-vasculaires et tabac est très fort, il va d’ailleurs être le thème de la prochaine campagne de la FFC. Le spécialiste livre quelques chiffres étayés scientifiquement : 80 % des infarctus avant 45 ans se produisent chez des fumeurs ; avant 55 ans, six infarctus sur dix sont liés exclusivement au tabac (étude INTERHEART).
Une idée désormais battue en brèche : il n’y a pas de seuil de toxicité pour la sphère cardio-vasculaire. Le tabagisme passif agit sur tous les critères intermédiaires déterminants (coagulabilité, réactivité vasculaire…).
Le cancer du fumeur d’une non-fumeuse.
On sait que le tabagisme passif est également cause de mort subite du nourrisson, de maladies pulmonaires et notamment du cancer du poumon.
C’est cette dernière complication qui est le sujet d’un spot diffusé à la télévision. Une patiente, Michèle, témoigne. Agée de 63 ans, elle présente un cancer pulmonaire du fumeur, acquis pendant ses années d’activité professionnelle, au contact de la fumée ambiante, aucune réglementation n’existant alors. Ni elle ni son mari n’ont été fumeurs, «les autres ont fumé pour moi», dit-elle. Après le visage de Michèle, une phrase s’inscrit sur l’écran : « Tabagisme passif, 6 000 décès par an en France ». Ces décès sont liés pour les deux tiers aux atteintes cardio-vasculaires et pour un tiers au cancer pulmonaire, indiquent les spécialistes.
Des bénéfices concrets de l’interdiction sont attendus, à l’image de ce qui a déjà été constaté dans les pays où une mesure équivalente est déjà en place. Ce qui est le cas par exemple en Italie, dans le Piémont, où les admissions pour infarctus ont diminué de 11 % en un an, dont 10 % liés au tabagisme passif. Ce qui peut correspondre entre 5 000 à 7 000 infarctus en moins en France.
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