Une étude de cohorte à Hong Kong

Le tabagisme passif augmente toutes les infections des nourrissons

Publié le 27/05/2008
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EN ACCORD avec les nombreux travaux précédents sur les effets du tabagisme passif (TP) chez les nourrissons, l'étude de Kwok et coll. montre l'augmentation de la morbidité infectieuse après divers ajustements, tels que le statut socio-économique, les caractéristiques de l'enfant, le tabagisme maternel et l'exposition in utero.

Mais «ce que cette étude ajoute est la démonstration d'une plus grande vulnérabilité à l'exposition du TP aux âges les plus précoces de la vie, vulnérabilité qui s'étend à l'ensemble des maladies infectieuses et pas seulement respiratoires ou ORL. Et cet effet nocif est susceptible d'avoir un impact durable dans les sous-groupes plus vulnérables, tels que les nourrissons de petit poids et les prématurés».

Une distance de moins de 3 m de l'enfant.

Les auteurs se sont appuyés sur l'étude Children of 1997 où sont inclus environ 88 % des enfants nés cette année-là en avril et en mai à Hong Kong, cela afin d'étudier de manière prospective l'impact du TP et de déterminer la période critique. Les 7 402 nourrissons inclus ont été suivis jusqu'à l'âge de 8 ans. Les auteurs ont retenu une exposition à la fumée de tabac par un ou plusieurs membres de la maisonnée à une distance inférieure à 3 mètres de l'enfant. La prévalence du tabagisme chez les femmes enceintes était très basse à Hong Kong (4,6 %) et la moitié d'entre elles ont arrêté de fumer au début de la grossesse.

Les résultats montrent que, «globalement, à 12mois d'âge, un enfant sur trois exposé à un TP avec quelqu'un fumant à moins de 3mètres a été hospitalisé pour une infection».

Cette exposition est associée à un risque élevé d'hospitalisation pour une maladie infectieuse jusqu'à l'âge de 8 ans, avec un risque relatif de 1,14, après divers ajustements (pour le sexe, le poids de naissance, l'âge gestationnel, le mode d'alimentation, l'âge de la mère et le niveau d'éducation des parents).

L'étude révèle que les six premiers mois de l'année constituent une période critique, où le risque relatif d'hospitalisation pour maladie infectieuse est de 1,45. Chez les enfants sans problèmes particuliers, le risque est équivalent entre les origines respiratoires des infections et les autres étiologies. Mais chez les petits poids de naissance et chez les prématurés, les infections sont plus souvent d'origine pulmonaire.

L'exposition au TP domestique chez les enfants de 9 mois et de 18 mois semble exercer moins d'impact.

Et dans les sous-groupes les plus vulnérables, tels que les prématurés, l'association est plus élevée et le reste tout au long des 8 années (RR de 2). Les auteurs soulignent les limites potentielles de leur travail, tels le recueil de témoignages plutôt que les mesures de la cotinine ou l'absence des informations sur les admissions en hôpitaux privés. «Mais, si nos résultats se vérifient, indiquent-ils, on peut en inférer des implications étiologiques.»

L'immunité innée ou adaptative.

L'effet peut avoir été subi de deux manières. Directe, d'abord, en altérant la dynamique du développement de la vascularisation pulmonaire et son réseau, avec comme résultat une réduction des volumes pulmonaires. Indirecte, ensuite, le TP étant à même d'altérer l'immunité innée ou adaptative (humorale ou cellulaire).

Le développement pulmonaire physiologique et anatomique se déroule à partir de la gestation et jusqu'à la fin de la petite enfance, et les enfants prématurés, qui ont une fonction pulmonaire réduite, sont plus vulnérables. Enfin, «nous ne sommes pas capables de dire si l'effet plus délétère observé chez les enfants les plus fragiles est dû à un impact plus important de la fumée de tabac sur leur développement ou si ces enfants représentent des sortes de sentinelles des effets à long terme que le tabac peut avoir sur tous les enfants».

« Tobacco Control », édition en ligne avancée.

> Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8379