POUR FAIRE prendre conscience à un individu de ses risques de maladie, rien de tel que de lui présenter, noir sur blanc, un tableau lui signifiant son décès potentiel à dix ans. Cette démarche est celle de Steven Woloshin et coll. (États-Unis) qui ont mis au point ce qu'ils nomment des chartes. Chaque patient peut évaluer son futur à dix ans en se positionnant sur l'un de ces quatre tableaux : deux pour les hommes (fumeur/non-fumeur ; ex-fumeur), deux pour les femmes (fumeuse/non-fumeuse ; ex-fumeuse).
Le cancer du poumon.
Les lignes de force de ces chartes, publiées dans le « Journal of the National Cancer Institute », montrent une première distinction homme-femme. Pour chaque tranche d'âge, les premiers ont un risque supérieur de décès, toutes causes confondues.
Ensuite, deuxième message fondamental : un fumeur se trouve dans la même catégorie de risque de décès toutes causes qu'un non-fumeur de dix ans plus âgé (à 55 ans, le tabac donne les mêmes risques, 176 décès sur 1 000, qu'à 65 ans sans tabagisme, 178 sur 1 000).
Plus en détail. Chez les hommes non fumeurs, les affections cardio-vasculaires constituent la première cause de décès, dès 50 ans. Elles dépassent tout au long de la vie le risque combiné des cancers (poumon, prostate, côlon). En revanche, chez les fumeurs, le cancer du poumon prend le pas, avec un risque de décès à dix ans identique à celui des affections cardio-vasculaires, avant 50 ans. Passé ce cap, le risque de tumeur pulmonaire est dix fois supérieur à celui de cancer prostatique ou colique.
Quant aux femmes non fumeuses, cancer du sein et maladies cardio-vasculaires se valent jusqu'à 60 ans. Au-delà, le risque cardiaque prédomine largement. Mais chez les fumeuses, maladies cardio-vasculaires et cancer pulmonaire prennent le pas sur les tumeurs mammaires dès 40 ans. Pour voir même leur risque multiplié par cinq après 55 ans.
Si ces chartes, expliquent les auteurs, sont destinées à fournir un argumentaire visuel au médecin au cours d'une consultation, elles sont aussi la démonstration éclatante que le tabac vieillit le fumeur de cinq à dix ans face au risque de mortalité
« Journal of the National Cancer Institute », vol. 100 ; n° 12, pp. 845-853.
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