« Attention aux personnes âgées ! » : voilà en substance le message d'alerte lancé par le rapport de la Cour des comptes, qui a enquêté avant la canicule meurtrière de l'été.
A partir de données fournies par la Caisse nationale d'assurance-maladie (« le Quotidien » du 10 septembre), le rapport évalue à 4 100 euros la dépense moyenne de soins d'une personne de plus de 65 ans en 2001 (hors frais hospitaliers et établissements d'hébergement), contre 1 772 euros par assuré en moyenne. Les personnes de plus de 65 ans « réalisent 36,5 % des dépenses remboursées alors qu'elles ne représentent que 15,8 % de la population totale ». Et pour cause : plus de la moitié (52 %, voire « 59 % au-delà de 85 ans ») sont en affection de longue durée (ALD) prise en charge à 100 %, contre 8,5 % en moyenne pour l'ensemble de la population.
En conséquence, le rapport recommande aux pouvoirs publics de mieux prendre en compte les personnes âgées, à la fois dans les analyses et prévisions, les programmes régionaux et nationaux de santé, et dans la formation des médecins généralistes, en « améliorant (leur) formation générale et continue en gériatrie ».
Comme nous l'annoncions au début de l'été (« le Quotidien » du 17 juillet), le rapport juge les pratiques de prescription « perfectibles » et les médicaments actuels « insuffisamment adaptés » aux personnes de plus de 65 ans, alors que celles-ci représentent 39 % de la consommation totale. Il faut donc, selon la Cour, promouvoir les recommandations et outils d'aide à la prescription auprès des médecins, « inciter les laboratoires pharmaceutiques à inclure (les personnes âgées) dans les essais cliniques » et dans « les études post-AMM » (autorisation de mise sur le marché).
Pour la prise en charge de cette population, le rapport relève que « le morcellement des services, des structures et des financements rend indispensable le développement de la coordination gérontologique » à travers les réseaux. Mais, justement, il faudrait « établir et suivre un inventaire des réseaux de santé pour les personnes âgées », « évaluer les effets et les coûts de la mise en place de ces réseaux » et « clarifier (leur) rôle » par rapport à celui des CLIC (centres locaux d'information et de coordination), des équipes financées par l'APA (allocation personnalisée d'autonomie).
La Cour des comptes souligne enfin les limites de la prise en charge des personnes âgées en urgence. Parfois dépendantes et souffrant souvent de polypathologies compliquant le diagnostic, les personnes âgées ont souvent « une prise en charge urgente inadaptée ». Celle-ci a un coût humain et un coût économique « lié au mauvais usage de structures lourdes et aux complications médicales induites ». C'est pourquoi la Cour préconise une évaluation en la matière et la « mise en uvre sans retard » des circulaires du 18 mars 2002 et du 16 avril 2003 organisant les filières de soins gériatriques.
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