Standardisation des dosages de l'HbA1c
C'EST EN 1968 qu'une hémoglobine anormale a été identifiée dans les hématies de sujets atteints de diabète (1). Mais il a fallu attendre 1971 pour avoir une méthode de dosage qualitative de l'HbA1c, et 1978 pour que cette hémoglobine glyquée, qui allait devenir le marqueur de référence de l'équilibre glycémique pour le suivi des diabétiques, prenne son essor. Entre 1981 et 1992, elle fut l'objet d'un véritable engouement, qui se traduisit par plusieurs centaines de publications et une multiplication des méthodes de dosage. Ce phénomène, amplifié au cours des trois années suivantes, créa un doute dans l'esprit des cliniciens, explique le Dr Fonfrède*. En révélant une dispersion importante des résultats, allant de 6 à 12 % selon la méthode, le premier contrôle de qualité réalisé en France a confirmé le problème (2). Plusieurs autres pays ont fait le même constat. Les premiers essais de standardisation menés aux Etats-Unis ont mis en évidence l'intérêt de la calibration des méthodes par rapport à une méthode dite de référence (3). Cet effet est encore plus évident dans une étude menée par une équipe hollandaise montrant que la calibration des réactifs fait disparaître la dispersion (4).
La guerre des écoles.
Nous en sommes maintenant au quatrième épisode du « feuilleton » de l'HbA1c, celui de « la guerre des écoles » entre les systèmes de standardisation Ngsp (National Glycohemoglobin Standardisation Program) et Ifcc (International Federation of Clinical Chemistry), explique le Dr Fonfrède. Le premier, pragmatique et fondé sur la chromatographie d'échanges d'ions, a longtemps été reconnu comme méthode de référence, car c'était le seul disponible au moment des grandes études Dcct et Ukpds qui ont démontré la relation entre les complications dégénératives du diabète et l'équilibre glycémique objectivé par l'HbA1c. Le système Ifcc a vu le jour en 1997 et a été retenu internationalement comme méthode de référence début 2004, indique le Dr Fonfrède. « Un groupe international de consensus - regroupant les membres des sociétés scientifiques concernées par le diabète - a décidé que tous les fabricants devaient utiliser le standard Ifcc pour la calibration de leurs réactifs. » Il s'agit d'une méthode spécifique, non chromatographique, peu facile à réaliser dans les laboratoires de biologie. Elle donne des valeurs usuelles de 1 ou 2 % plus basses que celles déterminées par Ngsp. Une relation a été établie entre les deux systèmes : Ngsp = (0,95 x Ifcc) + 2,15 (la « gold equation »). « La certification Ngsp sera progressivement abandonnée, mais il n'y a pas lieu actuellement de modifier les valeurs. » La campagne de sensibilisation des patients diabétiques « Soyez sous le 7 ! » reste donc d'actualité. « Nous devons toutefois nous préparer à l'évolution des prochaines années. »
Pour ce qui est des conséquences de l'évolution de la standardisation des dosages d'HbA1c pour les laboratoires, l'Afssaps a publié en juillet 2003 les premiers résultats du bilan des méthodes commercialisées. En 2002-2003, l'agence a également établi, avec des experts cliniciens et biologistes, un cahier des charges portant sur les notices d'information qui sera régulièrement mis à jour.
* D'après la communication du Dr Michèle Fonfrède
(groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris), groupe de travail « standardisation des dosages d'hémoglobine glyquée » de la Société française de biologie clinique (Sfbc).
(1) Rahbar S. « Clin Chim Acta » 1968 ; 22 : 296-298.
(2) Gillery P et coll. « Clin Chem » 1995 ; 41 (11) : 1644-1648.
(3) Little R. « Clin Chem » 1992 ; 38 (12) : 2472-2478.
(4) Weykamp CW. « Clin Chem » 1994 ; 40 (1) : 138-144.
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