« NOS DECOUVERTES montrent que la prévalence du syndrome métabolique augmente en relation directe avec le degré de l'obésité. Et que les biomarqueurs significatifs d'un risque de complications cardiovasculaires sont déjà présents chez les jeunes au poids excessif (...). Les mécanismes physiopathologiques consécutifs au syndrome métabolique chez les adultes apparaissent déjà opérationnels chez les enfants. »
L'obésité de l'enfance a significativement augmenté pendant la dernière décennie, à la fois en importance et en prévalence. D'où le souci de l'équipe de l'université de médecine de Yale (New Haven, Etats-Unis) d'examiner les effets des différents degrés d'obésité sur la prévalence du syndrome métabolique.
IMC supérieur au 97e percentile.
Ram Weiss et coll. ont choisi une population d'enfants et d'adolescents d'origines ethniques variées : 439 obèses, entre 4 ans et 20 ans d'âge, dont l'IMC était supérieur au 97e percentile pour l'âge et le sexe. La population était composée notamment de 179 Caucasiens blancs, 135 Noirs et 120 Hispaniques. Une comparaison avec 20 jeunes non obèses a été réalisée.
Un test de tolérance au glucose et différentes mesures d'indices du syndrome métabolique ont été réalisés : TA, lipides plasmatiques, protéine C réactive, taux d'adiponectine. Un ajustement pour l'âge et le sexe a été fait pour les triglycérides, les HDL et la TA.
Les critères d'évaluation ont été légèrement modifiés par rapport à l'adulte. Ainsi, la mesure du tour de taille n'est pas retenue dans cette étude, car elle témoigne moins bien que des mesures biologiques de variations interindividuelles survenant en fonction de l'âge et de la puberté
Les résultats montrent la relation entre la prévalence du syndrome métabolique et la sévérité de l'obésité. Et que cette prévalence peut atteindre 50 % dans le groupe de jeunes ayant une obésité sévère. « Chaque demi-unité d'accroissement de l'IMC est associée à une augmentation du risque du syndrome métabolique dans l'ensemble de la cohorte (risque relatif de 1,55) . Il en est de même pour chaque unité d'augmentation de l'insulinorésistance (RR de 1,12) . »
En parallèle à l'insulinorésistance.
Comme chez les adultes, on s'aperçoit que, chez le jeunes, la prévalence du syndrome métabolique s'accroît régulièrement en parallèle à l'importance de l'insulinorésistance (p < 0,001), après ajustement pour l'origine ethnique et le degré d'obésité.
Les marqueurs biologiques de l'inflammation, que l'on sait être prédictifs des complications cardio-vasculaires - la protéine C réactive et l'IL6 (régulateur de la production hépatique de protéine C réactive) -, augmentent avec le degré de l'obésité. Tandis qu'à l'inverse, l'adiponectine, qui est un biomarqueur de la sensibilité à l'insuline, diminue. Ces relations ont déjà été établies chez l'adulte. C'est la première fois qu'on les met en évidence dans une population pédiatrique.
« Le degré d'inflammation de bas grade augmente à mesure que les enfants deviennent davantage obèses. Mais comme la protéine C réactive n'est pas corrélée significativement à l'insulinorésistance ou au syndrome métabolique, cela suggère qu'une inflammation sous-jacente peut être un facteur additionnel contribuant à l'évolution cardio-vasculaire péjorative à long terme. »
L'obésité est la cause la plus courante d'insulinorésistance chez les enfants. Or, ce qui est vrai chez les adultes peut également s'appliquer aux enfants, à savoir que l'insulinorésistance de l'enfance peut générer des complications vasculaires à long terme.
« New England Journal of Medicine », 3 juin 2004, pp. 2362-2374.
Historique de l'affection
La description du syndrome métabolique date de 1988, par Reaven et coll., qui ont compris l'existence d'une augmentation du risque de maladie cardio-vasculaire par athérosclérose en relation directe avec un ensemble de facteurs métaboliques qui sont interdépendants : l'insulinorésistance, l'HTA, la dyslipidémie, le diabète de type 2 et d'autres anomalies métaboliques. Ensuite, des études plus récentes ont suggéré que le syndrome métabolique pouvait avoir une origine in utero.
Une revue épidémiologique entre 1988 et 1994 aux Etats-Unis a indiqué la présence d'un syndrome métabolique chez 6,8 % des adolescents en surpoids et chez 28,7 % de ceux qui sont obèses (publication en 2003).
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