C E syndrome associe classiquement une dysplasie fibreuse des os, des troubles endocriniens à type de précocité isosexuelle - actuellement définis par une hyperactivité de certaines glandes endocrines - et des taches cutanées café au lait. Du fait de la variabilité des cellules atteintes, l'âge de découverte et la sémiologie clinique et biologique peuvent être très différents d'un patient à l'autre.
L'anomalie de Gs alpha inhibe l'activité GTPasique intrinsèque de la sous-unité alpha, induisant une activité accrue de l'adénylcyclase avec augmentation de la synthèse d'AMPc ; celui-ci stimule la croissance et les sécrétions autonomes des glandes endocrines, souvent le siège d'une hyperplasie ou d'adénomes, ainsi que des mélanocytes et des ostéoblastes porteurs de l'anomalie génique somatique. D'autres fonctions de la protéine G pourraient être altérées (modulation de l'activité des canaux ioniques, de la pompe à calcium membranaire...).
Les taches café au lait apparaissent à un âge variable, souvent de topographie segmentaire et postérieure, et sont le reflet d'une surcharge en mélanine.
Fémur et tibia
La dysplasie fibreuse des os est comparable à celle produite par un excès de parathormone, avec résorption osseuse et aspect proche de l'ostéite fibrokystique. Les lésions touchent le plus souvent plusieurs os longs, en particulier le fémur et le tibia, se traduisant par des douleurs sourdes, des fractures secondaires à des traumatismes minimes et des déformations avec inégalité des membres, entraînant troubles de la statique et de la marche. Une dysmorphie faciale asymétrique ou des signes de compression des nerfs crâniens peuvent se rencontrer.
Les troubles endocriniens se manifestent par une atteinte gonadique primaire se révélant par une précocité isosexuelle (pseudo-puberté précoce) dans 15 à 30 % des cas - essentiellement chez la fille, parfois dès les premiers mois de vie -, caractérisée par une accélération de la croissance et de la maturation osseuse, associée à des kystes volumineux de l'ovaire et à une hypersécrétion ovarienne indépendante des gonadotrophines ; des complications peuvent survenir, comme la torsion du pédicule d'un ovaire ou une puberté précoce centrale. Une hyperthyroïdie primaire, isolée ou avec goitre multinodulaire, peut exister (5 % des cas) ; les manifestations cliniques sont celles d'une thyrotoxicose pure, parfois marquée par des poussées aiguës déclenchées par des traumatismes. On peut également observer, dans certains cas, un syndrome de Cushing par hyperplasie nodulaire, un gigantisme et/ou une acromégalie classique. De plus, des syndromes d'hypersécrétion ante-hypophysaire autonome ont été signalés, d'expression parfois uniquement biologique (élévation des taux d'hormone de croissance, hyperprolactinémie...).
Le diagnostic positif repose sur la présence d'au moins deux des trois éléments du syndrome : taches café au lait, dysplasie fibreuse des os, atteinte endocrinienne dominée par la précocité isosexuelle et par l'hyperthyroïdie. Il arrive parfois que le diagnostic ne puisse être posé qu'après une évolution longue, lorsque la sémiologie est plus complète.
L'évolution se fait vers l'aggravation des troubles préexistants et l'apparition de nouvelles lésions ; chaque atteinte endocrinienne évolue pour son propre compte. La dysplasie fibreuse des os peut entraîner des compressions nerveuses, une impotence fonctionnelle ou se compliquer d'une dégénérescence sarcomateuse (0,5 % des cas).
Le traitement de l'atteinte osseuse est celui des fractures et déformations.
Chaque trouble endocrinien relève de la prise en charge spécifique classique ; quant à la précocité isosexuelle, elle peut être en partie contrôlée - développement mammaire et menstruations - par l'acétate de cyprotérone.
En cas de puberté précoce centrale, un traitement par un analogue de la LHRH est indiqué ; en outre, l'octréotide, analogue de la somatostatine d'action prolongée, inhibant la sécrétion de GH, semble pouvoir être utilisé en cas de gigantisme sans adénome hypophysaire sécréteur de GH.
Assymcal, qui regroupe les malades porteurs du syndrome de Mc Cune-Albright ou d'une dysplasie fibreuse des os, est membre de l'Alliance des maladies rares. E-mail : assymcal@wanandoo.fr ;
tél/fax 02.40.69.67.50.
La dysplasie fibreuse des os
La dysplasie fibreuse des os (maladie de Jaffe-Lichtenstein) est caractérisée par une prolifération diffuse du tissu fibreux dans la moelle osseuse, provoquant des lésions ostéolytiques, des fractures et des déformations. Elle représente environ 2,5 % des maladies osseuses et 7 % des tumeurs osseuses bénignes. Elle se manifeste le plus souvent pendant l'enfance ou l'adolescence, mais elle peut se révéler à l'âge adulte, touchant un ou plusieurs os. Les fractures pathologiques et les déformations peuvent être responsables de douleurs importantes et d'un handicap considérable.
La dysplasie fibreuse est une maladie congénitale, due à une mutation somatique activatrice du gène de la sous-unité alpha de la protéine G, qui entraîne une mosaïque de cellules normales et mutantes ; le pro-oncogène c-fos est également surexprimé. Les lésions osseuses contiennent des ostéoblastes incomplètement différenciés et de nombreux ostéoclastes, responsables d'une hyperrésorption osseuse.
Jusqu'à ces dernières années, la chirurgie orthopédique, comportant des mesures préventives ou palliatives (curetage, greffe osseuse, ostéosynthèse), était parfois associée à l'administration de calcitonine, mithramycine ou étidronate.
Un progrès est apporté par un bisphophonate de seconde génération, le pamidronate utilisé en intraveineux, qui s'oppose à la résorption osseuse accrue de la dysplasie, et possède un effet favorable sur les douleurs, couplé à un effet préventif des fractures.
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