Le syndrome de Marfan est une maladie génétique du tissu conjonctif qui se transmet sur un mode autosomique dominant : un enfant sur deux risque d'être atteint, quel que soit son sexe, si l'un de ses deux parents est atteint, mais, dans environ 25 % des cas, cette prédisposition génétique résulte d'une mutation de novo dans les gamètes.
Deux gènes portent les mutations responsables de la maladie : un gène situé sur le chromosome 15, le gène FBN1 codant pour la fibrilline, protéine de la matrice extracellulaire qui joue un rôle dans l'arrangement des fibres d'élastine de tous les tissus de soutien de l'organisme, et le gène MFS2 situé sur le chromosome 3.
En France, on évalue à 15 000 le nombre de patients atteints du syndrome de Marfan, mais ce nombre est sous-estimé car de nombreux cas ne sont pas répertoriés. Cette maladie défie souvent le diagnostic par le polymorphisme de sa symptomatologie et la diversité de ses formes cliniques au sein d'une même famille.
Un syndrome complexe
Ce syndrome se traduit essentiellement par des signes morphologiques : enfant de grande taille (+ 2DS), doigts anormalement longs et fins (arachnodactylie), protrusion (thorax en carène) ou enfoncement du sternum (thorax en entonnoir), palais souvent ogival, oculaires (ectopie du cristallin) et cardio-vasculaires, plus rarement par une atteinte pulmonaire (pneumothorax) et des téguments.
Les signes cardio-vasculaires centrent le pronostic, essentiellement du fait de la dilatation aortique et du risque de dissection aortique, complication majeure qui survient dans le contexte d'une dilatation progressive de l'aorte ascendante.
Le diagnostic clinique repose sur la présence d'un signe majeur et d'au moins deux autres signes systémiques, ce qui souligne l'importance d'une prise en charge multidisciplinaire.
Malgré cela, le diagnostic peut rester hésitant, ce sont alors les biopsies cutanées et/ou une étude génétique qui le confirment.
Le traitement cardio-vasculaire, qui doit être débuté aussi précocement que possible, repose sur la limitation de l'activité physique, l'utilisation large des bêtabloquants qui, en atténuant l'impact du flux systolique sur la média aortique fragilisée, limitent la dilatation aortique
Aujourd'hui, la surveillance échocardiographique régulière de l'aorte ascendante permet de contrôler régulièrement le diamètre de la racine de l'aorte et de proposer un traitement chirurgical (pose d'une prothèse aortique) lorsque le diamètre maximal dépasse une valeur seuil.
Une consultation multidisciplinaire
La consultation multidisciplinaire de l'hôpital Ambroise-Paré (Boulogne), qui fonctionne un après-midi par semaine, permet aux patients de consulter, le même jour, dans un même lieu, tous les membres de son équipe, à savoir un généticien, un cardiologue, un pédiatre, un rhumatologue, un ophtalmologue, un échocardiographiste.
Le diagnostic de maladie de Marfan confirmé, une prise en charge thérapeutique adaptée et un suivi sont proposés aux patients. Une enquête familiale est réalisée systématiquement afin de repérer les formes frustes qui sont passées inaperçues, elle est complétée par des tests de génétique moléculaire pour dépister les porteurs de mutations.
Actuellement, plus de 815 patients ont pu bénéficier de cette consultation. Le diagnostic de syndrome de Marfan a été confirmé dans 287 cas et éliminé dans 269 cas. Dans certains cas, le diagnostic est en attente, ce sont les résultats de l'enquête familiale et/ou des examens complémentaire qui permettront de porter le diagnostic de certitude.
Outre la prise en charge thérapeutique, un soutien psychologique est le plus souvent indispensable tant pour les patients que pour leur entourage, au moment de la prise de conscience de la maladie et de ses conséquences, lorsque se pose la question d'avoir un enfant, mais aussi pour pouvoir vivre avec la maladie.
6e Rendez vous annuel Marfan organisé par l'Association française du syndrome de Marfan.
ASFM, 13, allée des Terrasses, 77200 Torcy. Tél. 01.64.62.03.75.
Les objectifs de l'Association française (AFSM)
- Aider, informer et soutenir les patients ainsi que leur famille.
- Faire connaître le syndrome de Marfan.
- Représenter les adhérents auprès des pouvoirs publics et des associations étrangères similaires.
- Soutenir la recherche et sensibiliser les pouvoirs publics.
Les consultations spécifiques
- Hôpital Ambroise-Paré, à Boulogne-sur-Seine, pour les adultes et les enfants.
- Hôpital Robert-Debré, à Paris, pour les enfants et les adolescents à Paris.
- Hôtel-Dieu de Lyon et sur l'ensemble des Hospices civils de la ville.
- Hôpital de Ponchaillou, à Rennes, pour les adultes et les enfants.
- Hôpital des Enfants de Toulouse, pour les adolescents et les enfants.
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