Entre coxarthrose et gonarthrose

Le surpoids ne mène pas les femmes à la prothèse de hanche

Publié le 27/05/2008
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IL Y AVAIT des quasi-certitudes. Il y avait des doutes. Toutes les équipes s'accordaient à reconnaître un lien entre un indice de masse corporelle (IMC) et la survenue d'une gonarthrose, surtout chez les femmes. Moins sûre était la relation avec l'apparition d'une coxarthrose. Deux localisations arthrosiques qui peuvent conduire à la pose d'une prothèse articulaire. D'où l'idée d'une équipe islando-suédoise (J. Franklin, Lund, Suède) de contrôler ces données par le risque de pose d'une prothèse de genou ou de hanche en fonction du poids. S'ils confirment ce qui était fortement suspecté dans le cas de la gonarthrose, l'implication de l'IMC semble faible sur la pose d'une prothèse de hanche, voire négligeable chez la femme.

L'étude cas-contrôles a été menée en Islande auprès de patients ayant bénéficié d'une prothèse de genou ou de hanche avant la fin 2002. Ainsi, 1 473 personnes ont été enrôlées (dont 872 femmes), elles ont été comparées à 1 103 témoins. Toutes étaient nées entre 1910 et 1939 et avaient répondu à un questionnaire portant notamment sur leurs taille et poids.

Les odds ratios sont de 1.

En ce qui concerne la hanche, le poids joue un rôle, puisque l'odds ratio pour la pose d'une prothèse est de 1,1 (CI 95 % de 0,9 à 1,5) chez les hommes en surpoids et de 1,7 (CI 95 % de 1 à 2,9) chez les obèses. En revanche, chez les femmes, l'influence pondérable apparaît négligeable. En effet, l'odds ratio est de 1 en cas de surpoids (CI 95 % de 0,8 à 1,3) et d'obésité (CI 95 % de 0,6 à 1,5).

Quand il s'agit du genou, l'étude apporte une confirmation des données de la littérature. L'odds ratio pour la pose d'une prothèse était de 1,7 (CI 95 % de 1,1 à 2,6) pour les hommes en surpoids et de 5,3 (CI 95 % de 2,8 à 10,1) en cas d'obésité. Pour les femmes, les OR passent à 1,6 (CI 95 % de 1,1 à 2,2) chez celles en surpoids et à 4 (CI 95 % de 2,6 à 6,1) pour les femmes obèses.

Les différences enregistrées sur l'influence du poids entre les sexes, expliquent les auteurs, seraient dues à des variations des structures anatomiques. L'alignement articulaire et l'IMC agiraient comme des facteurs de risque pour le genou. Cette interaction n'existerait pas pour la hanche.

Ce travail connaît quelques limites. Il s'agit d'une étude menée sur des volontaires ; les taille et poids ont été notés à partir de déclarations ; il est possible que, chez les sujets les plus obèses et atteints d'arthrose, une prothèse n'ait jamais été proposée. Mais ces biais éventuels ont agi de façon similaire chez les hommes et les femmes, ils n'ont donc pas pu agir sur la différence enregistrée entre les deux sexes, notamment pour la coxarthrose. De même qu'ils n'ont pu influer sur l'association entre surcharge pondérale et prothèse de genou, puisque l'étude rejoint ici les données de la littérature.

« Ann Rheum Dis » ; 0 : 1-5. DOI 10.1136/ard.2007.086868.

> Dr GUY BENZADON

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8379