UN « GOUVERNEMENT par les arts ». Telle est la manière dont les Médicis régnèrent pendant près de quatre siècles, faisant « plus pour la gloire du monde que n’avaient jamais fait avant eux et que ne feront jamais depuis, ni princes, ni rois, ni empereurs », pour reprendre l’expression d’Alexandre Dumas. Hommes d’argent et d’affaires, ceux que l’on appelait « les banquiers de l’Europe » conduisirent une formidable politique en faveur des arts et ranimèrent à chaque époque « l’éclat de civilisation ».
Près de 150 œuvres et objets, tous issus des collections médicéennes, se laissent admirer dans l’exposition du musée Maillol. Chaque membre de la famille Médicis avait ses goûts et ses domaines de prédilection : Léon X (1475-1521) encouragea l’art de Raphaël, tandis que le cardinal Léopold (1617-1675) commanda aux peintres leur propre autoportrait ; Cosme Ier (1519-1574) collectionnait les arts premiers, alors que Marie de Médicis (1575-1642) privilégia aussi bien le modèle artistique toscan que les artistes aux styles flamands ou français (Philippe de Champaigne, Rubens…), et ainsi de suite.
Beaucoup de trésors sont réunis ici : des camées, des porcelaines, des pièces d’orfèvreries, des bronzes, des mosaïques, des tapisseries, des bustes d’empereurs, des bijoux, des pièces de marqueterie, des ex-voto et des ornements d’autel, des instruments scientifiques, mais aussi des toiles de Botticelli, Bronzino, Raphaël, Primatice, Simon Vouet… On devrait ressentir en parcourant ce florilège du « goût médicéen » cette même émotion qui, dans la ville de Florence, avait saisi en son temps Stendhal, ce syndrome de fascination qu’il décrivit avec tant de sensibilité. Mais, aussi somptueuses que soient ces œuvres, on aurait préféré un autre écrin pour les accueillir que les salles un peu confinées et sombres du musée Maillol.
Musée Maillol, 61, rue de Grenelle, Paris 7e, tél. 01.42.22.59.58. Tlj de 10 h 30 à 19 heures (vendredi jusqu’à 21 h 30). Jusqu’au 31 janvier 2011. Catalogue, éd. Skira Flammarion, 288 pages, 40 euros.
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