DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL À CHICAGO
LE SUNITINIB (Sutent) est un inhibiteur de la tyrosine kinase (en particulier VEGFR [Vascular Endothelial Growth Factor Receptors] et PDGFR), administré per os, qui a démontré son efficacité dans le cancer du rein. Une étude (« N Engl J Med », 356, 2, 115-124) portant sur 750 patients présentant un cancer du rein (à cellules claires) évolué mais non traité auparavant a, en effet, montré la supériorité du sunitinib (50 mg/j per os, en séquences de quatre semaines, suivies de deux semaines sans traitement) sur l'interféron alpha (9 MU en sous-cutané, trois fois par semaine).
Une augmentation de la survie globale.
La durée de la progression sans récidive (RFS), critère principal, passe en effet de quatre à onze mois (HR = 0,42 ; IC 95 % : 0,33-0,52, p < 0,001) sous sunitinib. On enregistre également une multiplication par cinq du taux de réponses objectives : 28 % versus 5 % (p < 0,001) lors d'une première analyse effectuée en novembre 2005 et 39 % versus 8 % (p < 0,000001) lors de la seconde analyse effectuée en juin 2007.
Les nouveaux résultats présentés à l'ASCO 2008 portaient sur la survie globale, et, pour la première fois, on dépasse de deux ans de survie pour un traitement de première ligne du cancer du rein, 26,4 mois dans le groupe sunitinib, contre 21,8 mois dans le groupe interféron (p = 0,051). Des résultats encore plus démonstratifs si l'on exclut les patients initialement sous interféron et passés au sunitinib (26,4 versus 20 mois, p = 0,0362) et si l'on ne retient que les patients qui n'ont reçu que les traitements du protocole (28,1 versus 14,1 mois, p = 0,0033).
Le Pr Figlin (Los Angeles) souligne que ces résultats confirment l'efficacité du sunitinib, le bénéfice du traitement apparaissant pour tous les paramètres étudiés. Le fait que la différence ne soit pas statistiquement significative pour l'analyse brute de la survie globale montre que ce paramètre n'est pas le plus fiable pour comparer des traitements dans des cancers dont la prise en charge est difficile, d'une part, parce que des facteurs pronostiques influencent les résultats (retard diagnostique, état général, taux de LDH) et, d'autre part, parce que de nombreux patients reçoivent des associations diverses, en fonction de l'évolution. De telles associations ont pour effet de réduire les différences entre les deux bras initiaux de l'étude : les résultats présentés sur le sunitinib illustrent parfaitement ce phénomène.
Un développement clinique important.
Le sunitinib est l'un des antiangiogéniques les plus étudiés. En dehors du cancer rénal, on a rapporté des résultats significatifs dans les tumeurs gastro-intestinales (GIST) ; en seconde ligne après échec à l'imatinib, la PFS passe de 6 semaines sous placebo à 24 semaines. D'autres études sont en cours dans le cancer du sein, dans le cancer colo-rectal, dans le cancer du poumon non à petites cellules, dans les cancers du foie, du pancréas et de la prostate (essais de phase II ou III).
En attendant l'axitinib.
Ces résultats et ces développements de la recherche sur le sunitinib n'empêchent pas la recherche Pfizer d'explorer une autre voie d'antiangiogenèse avec l'axitinib qui inhibe tous les récepteurs (1, 2 et 3), VEGFR. Des essais sur l'axitinib sont en cours dans les cancers du pancréas, du rein et du poumon non à petites cellules.
(1) Présentations orales et symposium organisé par Pfizer international.
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