Des preuves expérimentales ayant montré que l'injection de cellules contractiles dans une zone de nécrose peut lui redonner une certaine fonctionnalité, la transplantation de cellules musculaires squelettiques souches (myoblastes) a été pratiquée chez 10 patients pour palier à la fonction contractile défaillante du ventricule gauche en postinfactus du myocarde*.
Ce procédé a utilisé comme source des myoblastes prélevés sur le patient au niveau de la cuisse. Après leur mise en culture, les myoblastes furent implantés dans la cicatrice d'infarctus, au cours de pontages coronariens programmés.
En moyenne, 900 millions de cellules contenues dans 6 ml de liquide ont été implantées au total à chaque patient en 38 injections ; cette procédure a allongé l'intervention chirurgicale de dix-huit minutes en moyenne, sans complication peropératoire.
Suivi à huit mois post-transplantation
Le seul effet indésirable rapporté est la survenue de tachycardies ventriculaires chez 4 patients sur 10 ; de mécanisme encore imprécis, - réentrée ou foyer ectopique - ce trouble du rythme semble lié à la quantité de cellules greffées. Un traitement prophylactique antiarythmique ainsi qu'un contrôle plus précis des modalités des injections pourraient être susceptibles de réduire son apparition.
Il n'y a eu pas de rejet, et à ce jour, 8 des 10 patients opérés sont vivants. Les deux décès ne sont pas liés à la procédure de transplantation (défaillance circulatoire terminale et AVC).
Au terme du huitième mois de suivi, un effet favorable est suggéré d'une part, par une amélioration symptomatique, la classe NYHA passant de 2,7 à 1,6 et d'autre part, sur des arguments échographiques chez certains patients (75 % des cas) : ces éléments sont en faveur d'une récupération de la fonction contractile dans les zones initialement akinétiques et qui ont été greffées. Par ailleurs, les myoblastes injectés en parallèle chez l'animal n'ont pas provoqué d'induction tumorale. Cette phase I bénéficie actuellement d'une extension du protocole, permettant l'inclusion de 3 patients supplémentaires.
Essai d'efficacité en 2002
L'essai prospectif de phase II multicentrique et randomisé, portant sur 80 patients devant être pontés, avec un antécédent d'un infarctus du myocarde et insuffisance cardiaque, évaluera l'efficacité réelle et la sécurité d'emploi de la transplantation intramyocardique de cellules souches musculaires : il comparera les effets d'injections de myoblastes autologues en culture à ceux d'injections du milieu de culture sans cellules
(« placebo »). Les patients recevront en préventif de l'amiodarone et un bêtabloquant pendant trois mois après l'intervention.
* Service de cardiologie, hôpital européen G.-Pompidou, Paris.
D'après la communication du Pr Albert Hagège, hôpital européen
G.-Pompidou (Paris).
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